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Déviances Magiques : la sorcellerie capitaliste dans le roman africain francophone

Cet article fait référence à la seconde partie de l’introduction du mémoire de Paul KIEBRE réalisé durant son Master II Littérature Générale et Comparée à l’Université Sorbonne Nouvelle (2022/2023)

Titre du mémoire : Déviances dans les pratiques magiques contemporaines dans le roman africain francophone

Ce mémoire de master 2 a été soutenu à l’université Paris 3, Sorbonne-Nouvelle en mars 2023 et a obtenu la note de 18/20. 

Traiter sous l’angle de narratologie, de l’approche anthropologique du texte littéraire, il vise à comprendre et à expliciter les pratiques magiques actuelles développées en Afrique pour obtenir une ascension sociale fulgurante.

Les déviances magiques : la sorcellerie capitaliste 

Nous empruntons le titre de l’ouvrage de Pignarre et Stengers, La sorcellerie capitaliste pour mettre en lumière les prémices de notre sujet qui est consacré aux déviances magiques contemporaines que sont : le pacte diabolique et le broutage qui sont, en fait, hérités du système capitaliste.

Il ressort aisément que l’argent introduit par le système capitaliste a créé une sorte d’instabilité, d’immoralité dans plusieurs sociétés. Il a fait péricliter les systèmes de valeurs morales et sociales dans la mesure où son acquisition et l’accumulation des richesses font partie des enjeux majeurs24 qui animent la vie des hommes comme on peut l’appréhender dans l’oeuvre majeure de Marx, Le Capital.

En effet, l’introduction de l’argent dans les échanges commerciaux, monétaires et la politique héritée de la colonisation ont eu des répercussions sur les populations et même sur les pratiques magiques en Afrique.

Ainsi, selon Aminata Traoré, la dépravation de certains us et coutumes propres aux Africains est imputable à la pénétration coloniale, laquelle a occasionné, dans une certaine mesure, une fracture dans les formes de vie communautaires en Afrique : 

Les observateurs et les analystes qui interprètent le marasme actuel de l’Afrique en termes de conservatisme et de refus du progrès se trompent. Cette faculté d’établir les liens entre les éléments consécutifs de l’univers, dont les êtres humains, et de produire du sens ne laisse aucune société statique.

Il y a cinq siècles, nous avions une voie à suivre, un destin à assumer, nous étions mus par un élan véritable vers l’Autre, les autres, le monde. L’occident a faussé ce jeu relationnel en entrant chez nous par effraction. Depuis lors, nous cherchons nos repères, ces liens et ce sens perdus qui nous réconcilient avec le présent et l’avenir.25 

Dans son essai, Les Mutations sorcières dans le Bassin du Congo : du ventre et sa politique, Patrice Yengo parle d’une déstructuration sociale engendrée par l’introduction de l’argent et de la marchandise dans les sociétés africaines depuis l’époque coloniale.

Selon l’argumentaire que tient ce spécialiste des sciences humaines, cette déstructuration a eu des corollaires sur la pratique même de la Kindoki ou de la sorcellerie. C’est de là donc que les crimes rituels et le broutage qui envisagent une ascension sociale fulgurante tirent leur origine : 

La transformation majeure que subit la sorcellerie/kindoki comme totalité intervient lors de sa rencontre avec cette catégorie universelle que représente la marchandise ou l’argent dont la domination exercée sur la société s’accomplissant absolument dans le donner à voir finit par se faire reconnaître comme la sorcellerie par excellence.

Avec la colonisation et l’implosion des rapports marchands, plus aucun aspect de l’accumulation primitive n’échappe à la démence sorcellaire de la machine capitaliste et du caractère pathologique de sa rationalité.

Rationalité capitaliste et logique sorcière se conjuguent dans l’accumulation du capital qui n’est plus qu’un prétexte à la reproduction d’un rapport social de puissance contenu dans la kindoki.26 

Cette perspective est soutenue par Dozon qui dit : 

C’est l’argent qui entraîne les gens à se jalouser et à se détruire, à s’adonner au fétichisme et à la sorcellerie : l’argent est en quelque sorte le premier fétiche[…]27. 

En effet, les crimes rituels ou les sacrifices humains connaissent une recrudescence en Afrique depuis des décennies. Croupissants sous le seuil de l’indigence, les adeptes du pacte diabolique et du broutage vont vers des féticheurs qui leur proposent une vie meilleure.

Ils leur recommandent de passer par des pratiques périlleuses qui nécessitent des sacrifices humains, des dons des parties de leur corps, de recourir à des pratiques non-catholiques comme la nécrophilie afin d’obtenir de réussir les rituels et obtenir de l’argent.

Avant de corroborer ces deux pratiques, nous tenons à souligner que, d’antan, dans les sociétés traditionnelles, il existait des pratiques qui permettaient, à ceux qui consultent les féticheurs, d’avoir de la chance dans des activités génératrices de revenus.

C’est le cas, par exemple, des porte-bonheurs, généralement conçus sous forme de talismans, censés apporter la chance aux personnes qui exercent des activités bien définies. Nous nous référons à Mario Ibanez qui est formel sur cette approche : 

Le fétichisme [en Afrique] implique non seulement la manipulation du sacré à travers la magie et les sacrifices mais aussi le détour vers le sensible et le matériel au moyen de la substitution du symbole par la chose symbolisée : le porte-bonheur.28 

Ces porte-bonheurs dont il est question permettaient aux agriculteurs, d’avoir une bonne moisson ou aux pêcheurs et aux chasseurs de faire de gros butins 29, aux commerçants d’accéder à la prospérité, etc.

L’anthropologue Jean Kerboul qui a travaillé sur le vaudou, par ricochet sur la magie, dans les sociétés haïtiennes souligne : « Le vaudou peut être, lui, aussi, comme le grappillage sur le plan économique, considéré comme un palliatif à la dure vie des Haïtiens »30.

Cependant, il faut préciser que dans la majeure partie des cas, cela n’engage pas nécessairement des pactes et des sacrifices humains car l’objectif visé est moins une ascension sociale fulgurante mais d’avoir un certain privilège sur ceux qu’on désigne par le terme de concurrents ou de rivaux et même sur de briser une sorte de malédiction transhéréditaire.

Ce faisant, les deux déviances dans la pratique magique dont nous parlons sont d’actualité en Afrique. La première, qui est le pacte diabolique ou le crime rituel exécuté dans le but d’avoir le pouvoir économique ou politique, est définie par Ngoua comme : 

Les pratiques, des techniques ou des procédés intentionnels visant du vivant de la victime à un prélèvement de certains organes afin de puiser des forces cachées dans l’homme ou secrètes de la nature, du cosmos ; forces que les instruments de la science modernes ne peuvent ni mesurer ni identifier, et qui ont pour conséquences des résultats empiriques, désirés ou provoqués, tels que l’acquisition soit d’un savoir touchant le cours commun des choses, soit d’un pouvoir les modifiant dans un sens qu’elles n’auraient pas en autrement31 

En clair, le pacte diabolique consiste donc à passer par des rituels sacrificiels pour obtenir la réussite sociale et politique. Face à la recrudescence de ces actes en Afrique Centrale, l’Organisation des Nations unies a initié, en 2005, à Libreville, un colloque dont le thème était : « Causes et moyens de prévention des crimes rituels et des conflits en Afrique centrale »32.

Au sortir de ce colloque, un résumé synthétique a été fait sur la question présentant ainsi trois points saillants : la délimitation des catégories de rituels qu’on retrouve dans le pacte diabolique qui va des sacrifices humains aux profanations de sépultures et de cadavres en passant par les viols et incestes rituels ; les modes opératoires de la pratique et enfin, la mise en place d’un dispositif réglementaire et de suivi pour prévenir les éventuels cas. 

Cela n’a donc pas suffi à freiner les rituels car à la suite de ce colloque deux manifestes seront publiés pour rappeler encore les corollaires de cette pratique déviante qu’on retrouve dans la magie. Le premier manifeste date de 200733 et le second de 201034.

À ces manifestes s’ajoutent une protubérance d’oeuvres littéraires, journalistiques, des réalisations cinématographiques et artistiques qui font de cette question un thème d’actualité majeur dans le but de sensibiliser et d’informer sur les éventuels méfaits de cette pratique. 

À côté du pacte diabolique se trouve le broutage, la seconde déviance, qui consiste à utiliser la magie noire pour effectuer l’arnaque sur internet. On voit donc que la magie peut faire corps avec les nouvelles technologies notamment l’internet.

Ainsi, de la même manière que la magie est une puissance occulte, l’internet, aussi, est doté d’un pouvoir numérique ce qui fait que la manipulation et le fonctionnement de ces deux forces ne sont pas à la portée du profane ou du novice.

Le terme « broutage » est un néologisme qui vient de l’argot ivoirien, le nouchi35. L’acception du mot « broutage » que donne Gala Kolebi, sur la quatrième de couverture de son essai, Côte d’Ivoire : broutage politique, n’explicite pas conséquemment la connotation dont nous partirons pour mener notre analyse. Il la désigne comme « toute manière mesquine et malhonnête de gérer les relations interpersonnelles »36.

En revanche, celle de Nebi Bazare et al., nous paraît très significative et illustre mieux notre propos : 

L’utilisation de pouvoirs mystiques appelés le « zamou » dans le jargon cybercriminel ivoirien qui consiste à s’attacher les sacrifices d’un mystique marabout ou un féticheur afin de solliciter la réalisation et assurer le succès des arnaques sur internet.

En termes ivoiriens, il s’agit pour les cybercriminels, « d’attacher » [envouter] la victime afin que celle-ci cède le plus facilement aux mensonges mis en jeu et d’impliquer plusieurs autres acteurs pour soutirer de l’argent aux victimes37 

Ainsi, faut-il le rappeler, nous faisons une nette différence entre le brouteur et le cybercriminel dans le cadre de notre analyse sur ce sujet. Car si le premier fait recours à la magie pour parvenir à ses fins, le second n’en a pas forcément besoin car il peut trouver d’autres 

astuces opératoires hormis le cercle mystique. Le broutage est cette pratique que l’escroc sur internet ou le cybercriminel met en oeuvre par le biais de la magie pour se faire de l’argent. De ce fait, nous pourrions même dire alors que le broutage est une sorte de « métamagie » puisqu’il suppose la superposition de deux puissances, l’une étant occulte et l’autre technologique.

En effet, si ces pratiques déviantes sont récurrentes aujourd’hui, c’est qu’il y a aussi des mystagogues qui s’y investissent et demeurent incontournables dans leurs réalisations. Dans son article « Rites sacrificiels et spiritualistes : Quête d’invulnérabilité sociale en Afrique », Jimi Zacka aborde l’implication des acteurs de la magie qui, pour vivre ou survivre également dans la logique du capitalisme où l’argent est maître du monde, sont prêts à tout pour accorder gain de cause aux pactisants et réclamer des ristournes exorbitantes : 

L’appât du gain a aujourd’hui supplanté les pratiques religieuses ou rituelles […] car, jadis, seul un petit nombre d’initiés s’y adonnaient en respectant les normes des rituels et des cérémonies. De nos jours, il semble qu’il y ait une dérive mercantile de la part d’une pléthore de prétendus marabouts, féticheurs, géomanciens sortis du néant, avides et peu éduqués qui ont repris à leur compte des traditions qui étaient exclusives, codifiées et rares dans les sociétés traditionnelles.

Ces traditions commanditaires semblent mélanger tradition, cupidité et modernité, probablement par pertes de repères culturels et avidité. Mais ce qui est le plus tragique est le concept de sacrifice humain introduit dans ces pratiques à des fins purement mercantiles et matérialistes dans le but unique d’obtenir un profit matériel, quelquefois en devises fortes. La spiritualité d’autrefois qui existait dans le sacrifice a été remplacée par des considérations uniquement matérialiste et à la recherche du profit facile et immédiat.38 

Ce matérialisme est donc l’une des résultantes de la pratique magique contemporaine qui renverse les normes traditionnelles qu’on accordait à la magie. Le rapport entre magie et argent s’avère donc une question d’actualité qui s’invite dans la fiction par la description de ces phénomènes sociaux, lesquels nous permettront de comprendre la démarche et fil d’analyse de notre sujet. 

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Problématisation du sujet 

La magie a été et demeure le champ de recherche des ethnologues et des anthropologues comme nous l’avons souligné plus haut. À travers nos lectures, nous pouvons,  en guise d’exemple, citer Claude Lévi-Strauss39, Balandier40, Hubert et Mauss41, etc., qui ont traité ce sujet sous l’angle des sciences humaines et sociales.

En Afrique, des chercheurs comme Dim Delobsom42, Meinrad Pierre Hebga43, Doutté44, Joseph Tonda45, Patrice Yengo46, etc., ont également mené des études intéressantes sur cette question. Jusqu’à présent les réflexions foisonnent sur l’essor et le ressort de la magie, sa place et son rôle dans les sociétés africaines, lesquelles sont et demeurent plus ou moins ancrées dans une sorte de syncrétisme religieux, dans un oecuménisme patent.

Il est difficile pour elles de se défaire totalement du recours magique nonobstant le fait qu’elles ont, pour la plupart, adopté et accepté les religions importées ou révélées que sont le christianisme et l’islam. C’est fort de ce constat que le narrateur de la nouvelle « Femme de Labeur » de Régis Kevin Bakyono dit ceci : 

Le concret en question résidait dans l’occultisme car les peuples africains malgré les beaux prêches des imams et des pasteurs demeurent convaincus que les pratiques religieuses importées sont théoriques et que le concret se trouve dans la religion traditionnelle47

La magie qui intéressait les anthropologues et ethnologues s’invite dans les fictions narratives africaines et ce, depuis les premières aubes des littératures africaines48. Les écrivains s’appuient sur les faits sociaux, ce qui anime et entoure leur univers pour le retranscrire dans leurs textes par le biais de la fiction.

Ainsi, la littérature ne se sépare pas totalement des autres sciences humaines telles l’ethnologie et l’anthropologie. Dans son article, « Pratique du terrain et expérience des textes : une perspective africaine »,49 Xavier Garnier s’est demandé si l’approche anthropologique des textes n’est pas un moyen de faire advenir leur poéticité.

Cette réflexion posée par Garnier est intéressante car l’écrivain tire son inspiration du vécu social, du terrain qu’il revêt à travers des traits poétiques, stylistiques, linguistiques, etc. Cela ressort également chez le professeur Vincent Ouattara qui estime que pour comprendre un texte littéraire, le critique et la critique littéraire doivent s’ouvrir et explorer les autres sciences dites de terrain.

C’est pourquoi, il estime qu’une étude interdisciplinaire voire transdisciplinaire s’avère toujours nécessaire pour l’analyse d’une oeuvre littéraire : 

Les écrivains africains recourent très souvent aux textes oraux, aux thématiques, pratiques rituelles, magiques et objets relevant de l’ethnologie [des sciences humaines et sociales] comme source d’inspiration. De sorte que pour apprécier une oeuvre littéraire, la critique littéraire doit parfois consulter les sources de l’ethnologie, étayant ainsi une épistémologie mobile des frontières entre littérature et ethnologie et une approche interdisciplinaire dans l’analyse des textes50

En effet, à partir des années 1990, la critique littéraire européenne va faire de l’étude de la magie dans les récits africains un champ d’analyse important. L’une des premières recherches consacrées à cela, c’est bien la thèse de doctorat du Professeur Xavier Garnier soutenue à l’Université Paris IV, Sorbonne Université, en 1992, intitulée : « La magie dans le roman négro-africain d’expression anglaise et française »51. Cette thèse est pionnière dans les réflexions critiques portant sur la magie dans la littérature africaine. 

Ce faisant, dans le même sillage et presque à la même période, le critique et universitaire français de l’Université de Limoges, Jean Michel Devésa52 coordonne en juin 1993, à Brazzaville, un colloque littéraire portant sur le thème : « Magie et écriture au Congo ». Il a réuni des artistes, des critiques africains et européens, notamment « les plumes exquises » de la littérature congolaise à l’instar de Jean-Baptiste Tati-Loutard, Emmanuel Boundzéki Dongala et s’est penché sur la question de la magie qui revient de manière assez itérative dans les productions littéraires/artistiques africaines53.

En outre, nous pouvons citer, quoique la liste ne soit pas exhaustive, la thèse d’Alfred Kiéma sur La tradition et le fantastique dans l’oeuvre romanesque d’Elechi Amadi (2009), la thèse d’Etat de Go Issou, Typologie et caractéristiques du roman magique africain (2010)54, la thèse de doctorat unique d’Adamou Kantagba sur Les récits magiques dans la nouvelle burkinabè (2017) et celle de Michel Sawadogo sur La Poétique du conte magique d’Afrique noire (2021) qui sont autant de recherches intéressantes retraçant la relation entre magie et littérature à travers des points bien définis

Notre mémoire de maîtrise dont le thème était : « Analyse et typologies de magies de trois nouvelles dans Grossesse désirée de Hermann Valy »55 a essentiellement porté sur la magie de la transgression de l’interdit coutumier, celle des maléfices et du pacte diabolique. En effet, le choix porté sur un corpus comportant des nouvelles n’était pas fortuit !

Considérée comme un genre narratif qui se distingue du roman de par son volume relativement court, la nouvelle était, pour nous, une passerelle qui allait non seulement nous aider à analyser ultérieurement des corpus encore plus longs et exhaustifs mais aussi de réussir notre initiation à la critique littéraire en général et en particulier à la poétique magique. Il s’agira donc pour nous dans le cadre de ce mémoire de fonder notre réflexion essentiellement sur un roman magique.

Nous faisons nôtre les propos de Garnier qui estime : 

[…] L’étude du roman négro-africain peut nous apprendre quelque chose sur la magie. Il y a une grande différence entre la mise en oeuvre de la magie dans la vie quotidienne, d’une part, et dans la fiction, d’autre part, que critique et anthropologie peuvent avoir pour objectif une meilleure connaissance du phénomène magique mais empruntent des voies différentes. […] Pour cela, il faut prendre le roman au sérieux et considérer qu’il a bien mieux à faire que de simplement représenter le réel ou de faire marcher l’imaginaire.56 

Dans le cadre de ce travail, nous apportons une innovation au niveau du corpus et de la thématique. Du point de vue thématique, nous nous intéresserons à la problématique des déviances dans les pratiques magiques contemporaines à travers l’équation du portefeuille magique et du broutage ou de l’arnaque sur internet par des méthodes mystiques et magiques.

Après avoir délimité notre champ de recherche, notre problématique consistera à voir comment la définition de Issou Go sur la magie, nous permettra de poser les bases de notre réflexion. À la lecture de ce roman, il est important de se demander : dans quelle mesure, le récit parvient-il à connecter les affres du capitalisme et du numérique dans la quête magique des personnages ?

Autrement dit, les déviances dont nous parlons, sont-ce l’argent et internet qui sont finalement à l’origine du détour de la magie de son ancien usage ? En effet, comme nous l’avons souligné, la magie ne reste pas statique face à l’évolution du monde, elle suit comme le lit du fleuve les innovations du monde. Détournée de son ancien usage et de sa quintessence, comment parvient-elle à conduire les personnages du récit vers l’immoralité ? Pour répondre efficacement à ces questions, nous nous servirons des outils et méthodes littéraires que sont : la poétique magique et la stylistique.

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Pour plus d’informations sur ce mémoire, n’hésitez pas à vous adresser directement à l’auteur ci-dessous.

Paul KIEBRE

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Paul Kiebre

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Séduit par la perspective d’une richesse rapide, le jeune Max, issu d’un milieu social défavorisé, choisit de s’engager dans l’occultisme et l’aisance financière. Il consent au sacrifice ultime en offrant la vie d’un adolescent aux forces mystiques, en plus de son propre sommeil, en échange d’une promesse de prospérité. Traqué par les esprits de Simbo et par un policier de la PJ déterminé à venger la mort de son neveu, le jeune flambeur plonge inexorablement dans une spirale infernale, après avoir brièvement goûté à une illusion de gloire.

Notes

  • 23 Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement, Paris, La Découverte, 2005. 
  • 24 Karl Marx dans Le Capital souligne que la richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense de marchandises et que l’analyse de la marchandise est, par conséquent, la forme même de cette richesse. 
  • 25 Aminata Traoré, Le viol de l’imaginaire, Paris, Actes Sud, 2002, p.7. 
  • 26 Patrice Yengo, Les Mutations sorcières dans le Bassin du Congo, Paris, Karthala, 2016, p.85. 
  • 27 Jean-Pierre Dozon, La cause des prophètes, Paris, Le Seuil, 1997, p.166. 
  • 28 Mario Corcuera Ibanez, Tradition et littérature orale en Afrique noire : Parole et réalité, Paris, L’Harmattan, 1989, pp.22-23. 
  • 29 Dim Delobsom, op.cit. 238. 
  • 30 Jean Kerboul, Le Vaudou : Magie et Religion, Paris, Robert Laffont, 1973, p.31. 
  • 31 Max Alexandre Ngoua, Les trophées du déshonneur, Libreville, House conquérants, 2008, pp.4-5. 
  • 32https://www.ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/5.didr_gabon_les_crimes_rituels_ofpra_30032018.pdf.
  • 33 Bernadin Minko Mve, Manifeste contre les crimes rituels au Gabon, Paris, L’Harmattan, 2008. 
  • 34 Jean Elvis Ebang Ondo, Manifeste contre les crimes rituels au Gabon, Paris, L’Harmattan, 2010. 
  • 35 Le nouchi est une langue argotique parlée en Côte d’ivoire et faite d’un mélange du français et de plusieurs langues ethniques. 
  • 36 Gala Kolebi, Côte d’Ivoire : Broutage politique, Paris, L’harmattan, 2019, [Quatrième de couverture]. 
  • 37 https://doi.org/10.19044/esj.2017.v13n23p104 
  • 38 Jimi Zacka, « Les Rites sacrificiels et spiritualistes : Quête d’invulnérabilité sociale en Afrique», pp.15-16[//www.academia.edu/36167855/SACRIFICES_RITUELS_ET_SPIRITUALITÉ_QUÊTE_DINVULNÉRABILITÉ_SOCIALE_EN_AFRIQUE] (consulté le 14 novembre 2022 à 19 :30). 
  • Femme de Labeur » de Régis Kevin Bakyono dit ceci : 
  • 39 Claude Lévi Strauss, Le totémisme aujourd’hui, Paris, PUF, 1972. 
  • 40 Georges Balandier, Afrique ambiguë, Paris, Plon, 1957. 
  • 41 Hubert et Mauss, op.cit., 
  • 42 Dim Delobsom, op.cit., 
  • 43 Meinrad Pierre Hebga, La rationalité d’un discours africain sur les phénomènes paranormaux, Paris, L’Harmattan, 1998. 
  • 44 Edmond Doutté, Magie et religion dans l’Afrique du Nord, Alger, Librairie Adolphe Jourdan, 1909. (version électronique) 
  • 45 Joseph Tonda, La guérison divine en Afrique centrale, Paris, Karthala, 2012. 
  • 46 Patrice Yengo, Rites et dépossessions, Paris, Karthala, 2004. 
  • 47 Régis Kevin Bakyono, « Femme de Labeur », Et si la victime devenait juge, Abidjan, Afrolivres, 2014, pp.16-17. 
  • 48 De la même manière que Dominique Combe et Jean Marc Moura estiment qu’on ne saurait parler de littérature francophone au singulier, des chercheurs africains, à l’instar de Locha Mateso, Hamidou Dia, Salaka Sanou, etc., vont dans cette même directive en portant le débat sur la question de littératures nationales. Le gros ensemble de la littérature négro-africaine comprenant les littératures des Antilles et de l’Afrique subsaharienne a été jugé vaste et disparate par ces critiques qui préconisent donc une littérature africaine au pluriel. 
  • 49 Xavier Garnier, « Pratique du terrain et expérience des textes : une perspective africaine : vers un nouveau régime (éco) poétique ? », Continents manuscrits [en ligne], mis en ligne le 15 septembre 2019, consulté le 11 août 2022 à 15 :24. 
  • 50 Vincent Ouattara, Ethnologie et littérature : Symbolisme du cola dans la littérature, Ouagadougou, Sankofa et Gurli Editions, 2020, pp.18-19. 
  • 51 Cette thèse sera publiée dans les Presses universitaires de France en 1999 sous le titre La magie dans le roman africain
  • 52 Jean Michel Devésa (dir.), Magie et écriture au Congo, Paris, L’Harmattan, 1994 
  • 53 Il y a une véritable toile de fond magique dans la littérature congolaise. Qu’ils s’agissent de Lomami Tchibamba, auteur de Ngando, premier nouvelliste africain, d’Emmanuel Dongala, auteur de Jazz et Vin de Palme, de Sony Labou Tansi, auteur de La Vie et demie, des Sept solitudes de Lorsa Lopez, etc., on voit qu’il y a une toile de fond de magie dans les productions littéraires congolaises. 
  • 54 Cette thèse d’Etat sera publiée sous le titre, Poétique et esthétique magiques en 2015 chez L’Harmattan Burkina. 
  • 55 Paul Youba Kiebre, op.cit., 2022, p.69. 
  • 56 Xavier Garnier, op.cit., 1999, pp.1-2. 

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