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Agriculture en Afrique

Cet article fait référence au chapitre 2 – Thème 1 du mémoire de Annick-Brenda AFANOUKOE réalisé durant son Master I Relations Internationales et Diplomatie à l’HEIP – Hautes Études Internationales & Politiques (2022/2023)

Titre du mémoire : Quelles stratégies pour faire de l’agriculture un levier de développement économiques en Afrique de l’Ouest ?

Titre du chapitre : Essor économique, motifs de pessimisme : Enjeux et Défis

Titre du Thème : Préparer l’agriculture de demain

Agriculture en Afrique : Les défis structurels

L’agriculture en Afrique de l’Ouest est toujours confrontée à de nombreux défis structurels qui limitent son développement, sa contribution à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté dans la région.

Les rendements agricoles sont souvent faibles en raison d’un manque d’investissement dans la recherche agricole, des mauvaises pratiques agricoles. Les rendements des cultures sont souvent faibles en raison de l’utilisation limitée d’engrais, de semences de qualité inférieure et de techniques agricoles inefficaces.

Cela limite la capacité des agriculteurs à produire suffisamment de nourriture pour leur propre consommation ainsi que pour la vente. Plus que les engrais, c’est l’ensemble des intrants qui fait à ce jour défaut aux systèmes agricoles du Continent.

En cause notamment, le sous-développement des infrastructures rurales, l’insuffisance des installations de stockage post-récolte et l’inefficacité des traitements utilisés, avec comme conséquence la perte de 30% à 40% sur chaque récolte[1].

L’agriculture familiale est la forme d’agriculture la plus répandue en Afrique de l’Ouest, où elle est pratiquée par la majorité des agriculteurs.

Cette forme d’agriculture en Afrique est caractérisée par une utilisation intensive de la main-d’œuvre familiale et la production de cultures destinées à la consommation familiale, ainsi qu’à la vente sur les marchés locaux et internationaux.

Les agriculteurs familiaux ont souvent un accès limité aux intrants agricoles tels que les semences de qualité supérieure, les engrais et les pesticides. Les nouvelles méthodes de technologie d’agriculture les plus avancées sont méconnues de ces agriculteurs, qui n’ont pas accès aux bonnes semences soit par ignorance soit par manque d’information.

De plus, certains agriculteurs ne sont pas en mesure de distinguer les bons et les mauvaises semences. Cela limite leur capacité à augmenter les rendements et à améliorer la qualité de leurs cultures.

Outre d’améliorer les aspects nutritifs ou gustatifs d’un produit, les semences certifiées peuvent aussi aider à mieux écouler les produits et à en faire un label, parce qu’en plus de l’aspect quantitatif du rendement, l’acheteur insiste beaucoup sur la qualité du produit.

Les nouvelles techniques de semences ont le potentiel d’améliorer considérablement la productivité agricole et de stimuler l’économie de la région.

Ousmane Sy, agent de programme de Seeds Systems Group (organisation spécialisée dans la semence) explique que les semences à haut rendement ont permis de transformer l’agriculture dans une quinzaine de pays africains.

Dans un récent rapport l’organisation SSG, estime que même dans un scénario où seul un tiers des agriculteurs des pays ciblés en bénéficieraient, ces techniques pourraient permettre la production de 25 millions de tonnes de produits alimentaires supplémentaires et générer des revenus d’une valeur de 4 milliards de dollars.

Un tel résultat donnerait, selon les experts, une impulsion majeure à la sécurité alimentaire et à la prospérité économique de certaines des populations les plus pauvres de la planète.  

Malheureusement, les agriculteurs africains utilisent souvent des techniques agricoles traditionnelles qui sont inefficaces. Seule une faible partie de la population jouit de cette modernisation.

Les techniques modernes sont acquises mais difficilement transposables. Ils ont besoin d’une formation et d’une assistance technique pour adopter des pratiques agricoles modernes et efficaces qui peuvent augmenter les rendements et améliorer la qualité de leurs cultures.

Pour avoir de bons rendements il faut bien du matériel nécessaire et efficace. Encore faut-il que les agriculteurs sachent les utiliser. Un enjeu majeur auquel les agriculteurs font face.

Le machinisme agricole sert à designer la totalité des machines et instruments conçus pour remplacer la main d’œuvre ou à augmenter sa productivité dans la réalisation des différentes tâches agricoles.

Or les instruments utilisés ne favorisent pas le rendement parce qu’elles sont rudimentaires, la plupart des outils utilisés sont manuels archaïques, inefficaces. 

La majorité des agriculteurs en Afrique sont des petits exploitants qui ont des moyens financiers limités pour acheter des machines coûteuses. De plus, les conditions climatiques et géographiques en Afrique peuvent rendre difficile l’utilisation de certains types de machines agricoles.

En outre, il y a un manque de formation et de compétences techniques pour les agriculteurs africains dans l’utilisation et la maintenance des machines agricoles.

La disponibilité des pièces de rechange pour les machines agricoles est également un défi, car de nombreux fabricants de machines agricoles n’ont pas de présence en Afrique.

Après les récoltes il faut des routes accessibles pour transporter les denrées dans les villes et en dehors du pays où plusieurs routes sont encore difficiles d’accès. Les problèmes d’infrastructures, y compris les routes inaccessibles ou en mauvais état, sont en effet un défi majeur pour le transport des produits alimentaires en Afrique.

Ces infrastructures de transport défectueux peuvent entraver la fluidité des marchandises, augmenter les coûts de transport et entraîner des retards importants. Ceci a une incidence directe sur la disponibilité et les prix des aliments.

La situation routière en Afrique varie d’un pays à l’autre, mais de nombreux pays doivent relever des défis similaires en termes d’infrastructures de transport. Les routes rurales, en particulier, sont souvent négligées et en mauvais état, de sorte qu’il est difficile de transporter les aliments des zones de production aux marchés locaux et régionaux.

Selon l’agence Ecofin:

« Les pertes-post récoltes désignent les pertes alimentaires qui sont enregistrées entre la récolte et la consommation, c’est-à-dire avant que le produit ne parvienne aux consommateurs, contrairement au gaspillage alimentaire. Au-delà des pertes quantitatives, les PPR englobent aussi les pertes de qualité notamment en termes de valeur nutritionnelle, notamment lors de la contamination par des mycotoxines ou sur le plan d’opportunités économiques. Elles représentent, pour le continent, environ 37% de la production et sont évaluées à 48 milliards $ dans leur ensemble, soit l’équivalent du PIB du Ghana en 2017. » (Figure 1)

Au Nigéria, 50% de la production de fruits est perdue
Figure 1 - Au Nigéria, 50% de la production de fruits est perdue. Source : Agence Ecofin

L’analyse de Victoria Bancal, chercheuse spécialiste de l’efficience des systèmes alimentaires et Françoise Kouamé, enseignant-chercheur en technologie alimentaire ont révélé encore une fois que cette défaillance de ce système a eu un impact considérable sur les pertes alimentaires.

Les agriculteurs ont rencontré des difficultés à écouler leurs marchandises et les stocks se sont accumulés. 

« Près d’un million de poulets, près de 18 000 tonnes de produits maraîchers composés d’oignons (13 000 tonnes), de choux (550 tonnes) et de carottes (566 tonnes) sont en souffrance du fait des difficultés d’accès aux marchés » indiquait le représentant de la FAO au Sénégal dans les médias pendant la crise. La Guinée, le Sénégal et le Nigéria, ont enregistré des pertes allant de 20 à 50% de leur production de pomme de terre (4000 tonnes au Sénégal). »

Pour surmonter ces difficultés, il est crucial d’investir dans l’amélioration des infrastructures de transport.

En particulier dans les régions rurales et éloignées où se trouvent souvent les zones de production agricole. Déterminer les produits alimentaires de base les plus touchés et aider les intervenants à entreposer, à transformer et à conserver les produits. Il peut s’agir de la remise en état et de la construction de nouvelles routes, de l’établissement de systèmes de transport efficaces et abordables et de l’amélioration de la connectivité entre les différentes régions.

Il importe en outre de promouvoir la coopération régionale pour faciliter le transport transfrontalier des produits alimentaires. Cela suppose la simplification des procédures douanières et l’harmonisation des réglementations entre les pays voisins, afin de faciliter les échanges régionaux et d’améliorer l’accès aux produits alimentaires.

Agriculture en Afrique : Les défis économiques

Investir dans l’agriculture en Afrique serait une ouverture à l’indépendance économique. Elle offre une sécurité alimentaire, de l’emploi, et un marché intérieur dynamique pour la région.

Bien que des efforts soient à souligner, les défis économiques sont toujours présents et continuent de jouer en la défaveur du continent. L’agriculture en Afrique est présentée comme étant la voie par laquelle passera le développement de l’Afrique,

Or qui parle d’agriculture parle de financement et justement le financement représente aujourd’hui le ventre mou de l’agriculture en Afrique.

Des initiatives sont mises sur pied par des États et même par des organismes internationaux seulement et malheureusement, ces initiatives sont souvent des cas isolés ou ne portent pas toujours les fruits au niveau du petit paysan.

Comme plusieurs pays qui font de leur agriculture une source croissante de leur économie (France, Brésil, Argentine etc.).

On retrouve fréquemment, une place prépondérante de l’agriculture en Afrique dans leurs différents programmes.

Ce qui s’ensuit d’une participation active des puissances publiques et des banques. « Selon la CNUCED, l’impulsion première ne peut venir que des sources publiques de financement et devra s’accompagner d’une politique tenant compte de la nécessité non seulement de faire jouer les mécanismes du marché, mais encore de consolider le rôle de l’État et de renforcer les institutions »[2].

En France par exemple, le financement de l’agriculture provient de plusieurs sources, notamment des fonds publics, des prêts bancaires, des subventions de l’Union européenne et des fonds d’investissement privés.

L’État français joue un rôle clé dans le financement de l’agriculture, en fournissant des subventions et des incitations fiscales pour soutenir les agriculteurs, ainsi que des investissements dans la recherche et l’innovation pour améliorer la productivité et la durabilité de l’agriculture.

Les banques jouent également un rôle important en fournissant des prêts aux agriculteurs pour financer leurs opérations et leurs investissements.

Au Brésil, le financement de l’agriculture est également soutenu par l’État, qui fournit des subventions et des crédits à taux préférentiel pour les agriculteurs.

En outre, les banques brésiliennes jouent également un rôle important dans le financement de l’agriculture, en fournissant des prêts à court et à long terme aux agriculteurs et aux entreprises agricoles.

Le gouvernement brésilien a également créé des fonds de développement rural pour financer des projets agricoles, ainsi que des mécanismes de financement basés sur la participation des agriculteurs, tels que le crédit coopératif.

Toutefois, il convient de noter que le financement de l’agriculture peut également poser des défis, notamment en termes de durabilité et de justice sociale. Par exemple, le financement peut favoriser les grandes exploitations agricoles et les cultures intensives au détriment des petites exploitations et de l’agriculture familiale.

En outre, les mécanismes de financement doivent être conçus de manière à encourager les pratiques agricoles durables et à préserver les ressources naturelles, telles que l’eau et les sols.

« Ainsi, chaque année, un plan agricole (Plano safra, littéralement « Plan récolte ») regroupe les principales mesures prises par le gouvernement pour la campagne agricole débutant en juin. Il existe un Plano safra pour l’agriculture commerciale et un Plano safra pour l’agriculture familiale, lancés séparément. »  

En termes de comparaison, l’enveloppe globale allouée aux États de l’UE pour la Politique agricole commune (PAC) est de 264 milliards pour une période de 2023-2027. La France obtiendra 45 milliards d’euros sur la même période.

La France recevra de la PAC plus de 9 milliards d’euros par an qui seront distribués à plus de 400 000 bénéficiaires du monde agricole. 

Ces aides seront allouées autour de trois axes : Économique, Environnemental, Social. En effet, elle offre un large éventail d’instruments de soutien, tels que des paiements directs aux agriculteurs, des subventions à l’investissement et des mesures de régulation du marché.

L’objectif principal est de garantir une production agricole suffisante et de maintenir la compétitivité des agriculteurs européens sur les marchés internationaux.

En ce qui concerne la région, le financement de l’agriculture en Afrique est crucial pour le développement économique et la sécurité alimentaire de la région, mais il existe de nombreux défis et enjeux qui doivent être surmontés pour y parvenir.

L’investissement privé doit être suivi des investissements publics comme dans les pays occidentaux. Dans le but d’améliorer la productivité agricole et aboutir à des gains de productivité permettant l’augmentation de la production agricole, l’éradication de la famine, la hausse des revenus agricoles et la réduction de la pauvreté, et la compétitivité sur les marchés.

La part allouée par les États dans l’agriculture est relativement faible. Durant la déclaration de Malabo en 2014 sur la croissance et la transformation accélérée et de meilleures conditions de vie.

Les chefs d’État ont insisté sur le réengagement des pays africains par améliorer le financement des investissements agricoles (en respectant les 10% des dépenses publiques) (Figure 2), par soutenir la croissance agricole par hauteur d’au moins 6%, par créer des opportunités d’emploi pour au moins 30% des jeunes dans les chaînes de valeurs agricoles et bien sûr par valoriser la participation des femmes dans le marché du travail agricole.

La figure suivante nous donne une idée sur les pays qui ont réussi par franchir la barre des dépenses de l’agriculture en Afrique convenue par les chefs d’État de gouvernement de l’UA.

Part des dépenses du secteur agricole dans les dépenses publiques totales en 2014. Source : Agriculture stratégie.
Figure 2 - Part des dépenses du secteur agricole dans les dépenses publiques totales en 2014. Source : Agriculture stratégie.

Sur ces données, seul un pays de l’Afrique de l’Ouest a franchi la barre des dépenses agricoles concernant les dépenses publiques totales fixée par l’UA lors de la déclaration de Maputo. Le Niger avec environ 12%.  

Le manque de volonté des gouvernements africains est manifestement le résultat du retard économique.

De plus, « Les États ne versent pas leur contribution au financement de l’institution. Depuis sa création en 2002 l’UA fonctionne sous perfusion des bailleurs de fonds internationaux comme l’Union Européenne, l’agence des États-Unis pour le développement international ou encore l’Allemagne. Des contributeurs occidentaux qui assuraient 70% de son budget jusqu’en 2017. » Alain Foka.

Il est difficile de se plaindre des ingérences d’autres politiques si les États ne parviennent pas à respecter eux-mêmes, leurs engagements.

Pour ajouter, le financement des banques est un investissement capital « La plupart des banques et des établissements de microfinance ont l’habitude de fuir le milieu rural parce que considérant que les coûts de transaction sont très élevés et ce secteur est qualifié souvent de très risqué. Alors il faut donc apporter des produits fiables adaptés aux besoins de ceux qui sont exclus du système bancaire classique » Félicien Nzaou.

Effectivement, rares sont les banques qui octroient des financements aux agriculteurs, aux entreprises agroalimentaires. Tel a été le désespoir du jeune agriculteur malien Aboubacar Kambo Djigandé.

« Avoir un financement est un combat quasi impossible. Les banques exigent une garantie trop onéreuse, et avec un taux de remboursement très important. Pour des jeunes qui veulent débuter ou pour des familles qui vivent dans des endroits ruraux les systèmes ne sont clairement pas adaptés. Nous sommes obligés de faire avec nos moyens »[3]

Des efforts sont également à encourager, l’histoire d’Ousmane démontre que les investissements portent des fruits s’ils sont faits avec un but et un objectif précis.

« Le PPAAO, programme régional est né de l’initiative de la CEDEAO et mis en œuvre dans 13 pays membres avec deux objectifs : faire émerger et diffuser de meilleures technologies agricoles et intensifier leur adoption dans les filières considérées comme prioritaires. Grâce à un financement initial de 9 millions de dollars alloué à la Guinée, le programme a permis d’améliorer les conditions de vie des semenciers en créant une valeur ajoutée brute de quatre millions de francs guinéens (440 dollars) par hectare de riz et par saison ».[4]

« Le PPAAO a directement bénéficié à plus de 120 000 personnes, dont environ 40 % de femmes, qui ont vu leurs revenus augmenter de 30 %. En outre, le programme a un impact indirect plus large, car il génère des besoins de main-d’œuvre agricole et artisanale même au-delà des frontières du pays. Le transfert de technologie, notamment celle des kits d’étuvage pour améliorer la qualité des semences de riz, a permis d’accroître la production et conduit à un gain de 675 millions de francs guinéens (74 000 dollars). On estime que les opérations de commercialisation ont permis de dégager une recette d’environ 10 milliards de francs guinéens (1,1 million de dollars). L’utilisation de semences améliorées a produit un excédent de plus de 85 000 tonnes de riz non décortiqué d’une valeur de 14 millions de dollars, soit l’équivalent de 10 % des importations annuelles de riz de la Guinée[5]. » selon la Banque Mondiale

Grâce aux revenus tirés de l'agriculture, Ousmane a diversifié ses investissements et s’est lancé dans le conditionnement d'eau potable et la fabrication de glace. Photo : Vincent Tremeau/Banque mondiale
Grâce aux revenus tirés de l'agriculture en afrique, Ousmane a diversifié ses investissements et s’est lancé dans le conditionnement d'eau potable et la fabrication de glace. Photo : Vincent Tremeau/Banque mondiale

L’histoire d’Ousmane retranscrit naturellement les résultats des efforts de la Banque mondiale, de la région et du pays, s’ils sont faits conjointement poursuivant un but et un objectif précis. Il est donc important de souligner les défis qui sont majoritairement supérieurs aux avancées, en ce qui concerne les banques.

Voici quelques-uns des principaux défis et enjeux en matière de financement de l’agriculture en Afrique de l’Ouest :

  • L’accès limité aux marchés financiers : Les agriculteurs et les entreprises agricoles en Afrique de l’Ouest peuvent avoir un accès limité aux marchés financiers en raison de leur manque de garanties, de la faible perception de leur capacité à rembourser les prêts, ainsi que de l’absence de produits financiers adaptés à leurs besoins.
  • Le manque d’incitation fiscale : Les gouvernements en Afrique de l’Ouest peuvent manquer d’incitations fiscales pour encourager les banques et les autres investisseurs à investir dans l’agriculture. Cela peut rendre le financement de l’agriculture en Afrique moins attractif pour les investisseurs et limiter les ressources disponibles pour l’agriculture.
  • Le manque d’informations sur les marchés : Les agriculteurs et les entreprises agricoles en Afrique de l’Ouest peuvent manquer d’informations sur les marchés, ce qui peut les empêcher de prendre des décisions éclairées en matière d’investissement. Cela peut également rendre le financement de l’agriculture plus risqué pour les prêteurs.

Pour surmonter ces défis et enjeux, il est important de développer des mécanismes de financement innovants, tels que des produits d’assurance agricole, des produits financiers adaptés aux besoins des agriculteurs et des entreprises agricoles, ainsi que des mécanismes de financement à risque partagé.

Il est également important de renforcer la capacité institutionnelle des banques et des gouvernements, ainsi que de fournir des informations sur les marchés et des formations pour les agriculteurs et les entreprises agricoles. Enfin, il est important que les gouvernements offrent des incitations fiscales pour encourager l’investissement dans l’agriculture.

Agriculture en Afrique : Les défis environnementaux

Un défi qui ne concerne pas uniquement l’Afrique est le changement climatique.

Entre saison pluvieuse et sécheresse les agriculteurs, malgré leurs efforts, sont impuissants lorsque la météo décide d’agir selon son gré. En revanche, l’obstacle principal à l’Afrique se trouve dans la gestion de ces situations.

En outre, comment les agriculteurs arrivent-ils à surmonter les défis climatiques tout en continuant de se nourrir, de nourrir la population et de faire de la région un marché économique puissant.

Quelles technologies employées t-ils pour prévoir le temps, quel rôle l’État joue lorsque les agriculteurs se retrouvent avec des pertes énormes.

Selon les Nations-Unies d’ici 2030 plus de 100 millions de personnes vivant sur le continent africain seront touchées par le réchauffement planétaire sécheresse, inondations, fonte des rares glaciers, dans un avenir proche les événements climatiques extrêmes accentuent l’insécurité alimentaire et la pauvreté le climat.

On estime que les effets dévastateurs du changement climatique feront augmenter de plus de 50% le PIB du continent d’ici à 2030

Il s’agit là d’un réel paradoxe étant donné que le continent africain ne contribue qu’à hauteur de 4% au total des émissions de gaz à effet de serre.  

L’Afrique s’est réchauffée plus rapidement que la moyenne mondiale, souligne l’ONU.  Les phénomènes climatiques extrêmes menacent la production agricole et l’accès à l’eau.

La dégradation des sols due à l’agriculture intensive, à la déforestation peut entraîner la désertification, une diminution de la fertilité des sols et une diminution des ressources en eau, ce qui rend encore plus difficile pour les agriculteurs de cultiver leurs terres et de subvenir à leurs besoins.

Dans de nombreux cas, la migration est donc un choix forcé pour les populations rurales, qui cherchent à trouver des moyens de subsistance dans les villes ou dans d’autres pays.

Ce qui engendre des défis socio-économiques, tels que la pauvreté, le chômage. La menace est d’autant plus présente en raison de la pression démographique.

Ces tensions pourraient entraîner le déplacement de 86 millions de personnes d’ici 2050.

La mobilité est une réalité dans la région, il semble pourtant que le phénomène ait connu une accélération de la population rurale particulièrement vulnérable face aux aléas climatiques.

Au Niger, Burkina-Faso, Mali. Les changements climatiques ont provoqué une baisse des rendements agricoles, ce qui a obligé les agriculteurs à chercher d’autres moyens de subsistance et à migrer vers d’autres régions ou pays.

Le mil qui se produit au nord du Sénégal, du fait de la baisse de la biométrie, les agriculteurs arrêtent de produire du mil ce qui a pour effet de pousser les populations à migrer vers les centres urbains ou les régions plus fertiles.

Selon Jérémie brou Kouadio, ingénieur agronomiste, « L’agriculture en Afrique est tributaire du climat, tant que nous n’avons pas une bonne maîtrise on ne peut que subir les effets de celui-ci ».

Le changement climatique rend les productions plus volatiles et accroît les risques de pénurie alimentaire. Ce qui impacte gravement tous les aspects de la sécurité alimentaire et de la nutrition : par une réduction des quantité et qualité des produits alimentaires, une augmentation des prix des aliments.

Les petits producteurs familiaux constituent une priorité du point de vue de la sécurité alimentaire et de la préservation des ressources naturelles. Ils n’ont pas toujours les moyens efficaces, stratégies adéquates pour faire face aux aléas climatiques et répondre à des conditions de production difficiles.

Cependant, l’ampleur et la rapidité du changement climatique imposent à leur égard un soutien pour mettre en place des modèles d’agriculture plus résilients.

Il s’agirait dans un premier temps, de mettre en place des technologies de prévision météorologique qui peuvent être utilisées pour aider les agriculteurs.

  • Stations météorologiques : Les stations météorologiques peuvent être utilisées pour collecter des données sur les conditions météorologiques actuelles, telles que la température, l’humidité et les précipitations.
  • Satellites météorologiques : elles ont pour but de surveiller les conditions météorologiques à grande échelle, notamment les tempêtes, les sécheresses et les inondations.
  • Les systèmes d’alerte précoce peuvent être utilisés pour avertir les agriculteurs de la région des conditions météorologiques extrêmes telles que les sécheresses, les inondations et les tempêtes. Ces systèmes peuvent être utilisés pour aider les agriculteurs à prendre des mesures pour protéger leurs cultures.

Toutefois, l’utilisation de ces techniques de prévision météorologique peut également être confrontée à des défis tels que la disponibilité et l’accessibilité limitées de certaines de ces techniques pour les agriculteurs de la région, en particulier dans les zones rurales et éloignées.

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Il est donc important de développer des stratégies pour rendre ces technologies plus accessibles et de fournir une formation pour aider les agriculteurs à les utiliser efficacement.

En outre, ces technologies doivent être associées à d’autres stratégies d’adaptation, telles que la conservation des sols et de l’eau, pour aider les agriculteurs à faire face aux défis climatiques.

Ensuite, développer des pratiques agricoles durables et promouvoir des programmes d’adaptation qui prennent en compte les conditions climatiques locales.

Cela peut inclure des pratiques agricoles telles que la rotation des cultures, la gestion de l’eau et la conservation des sols, ainsi que des programmes de formation pour les agriculteurs sur les meilleures pratiques agricoles.

De plus, il est important de mettre en place des politiques et des programmes pour soutenir les populations rurales dans la gestion des impacts du changement climatique sur leurs moyens de subsistance et leurs communautés.

Pour finir, la protection sociale peut aider à réduire des risques primaires et à améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs en leur offrant un filet de sécurité financier et social.

Voici quelques mesures qui peuvent être prises pour accentuer la protection sociale des agriculteurs en Afrique de l’Ouest :

  • Assurances agricoles : Les assurances agricoles peuvent aider les agriculteurs à faire face aux risques liés à la production agricole, en leur offrant une compensation financière en cas de perte de récolte, de maladie ou d’accident.
  • Accès à des services financiers : Les agriculteurs ont besoin d’un accès à des services financiers tels que les prêts agricoles et les systèmes de microfinance pour les aider à investir dans leur entreprise et à faire face aux difficultés économiques.
  • Programmes de protection sociale : Les programmes de protection sociale, tels que les transferts de revenus[6], peuvent aider les agriculteurs à subvenir à leurs besoins de base en cas de difficultés économiques.
  • Systèmes de santé et de sécurité sociale : Les agriculteurs ont également besoin d’un accès à des services de santé de qualité et à des systèmes de sécurité sociale pour faire face aux risques liés à la santé, au vieillissement et à l’invalidité.

En définitif, il faut prendre conscience de la place que représentent les agriculteurs dans la région. Effectivement leurs mains d’œuvres représentent tout une économie nationale, régionale et internationale qu’il faut impérativement préserver, en plus de former les générations futures.

Par conséquent, il est très important aux États et aux institutions de comprendre qu’en suivant ces processus ils investissent durablement dans plusieurs axes. À améliorer leur bien-être économique et social, ainsi que leur résilience aux défis environnementaux et économiques.

Pour rappel, l’article présente uniquement le chapitre 2- thème 1 du mémoire. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous adresser directement auprès de l’auteur.

Annick-Brenda AFANOUKOE

Annick-Brenda AFANOUKOE

Pour approfondir

géopolitique Afrique de l'Ouest

Gestion, maîtrise et aménagement des ressources naturelles en Afrique de l’Ouest et du Centre

Notes

[1] La Tribune Journal économique et financier : Les engrais, levier crucial pour l’agriculture africaine : Amine Ater

[2] Anne-Cécile Robert, l’Afrique au secours de l’occident, Edition de l’atelier, 18 mars 2021, p53

[3] Op. cit.

[4] Jeune, agriculteur et entrepreneur, mais oui c’est possible ! coraf

[5] Ibid.

[6] Les transferts de revenus sont issus des mécanismes de redistribution. (Prestations familiales, la pension de retraite, les allocations de chômage, la prestation de la sécurité sociale)

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