afrique agriculture et développement économique

Afrique : Faire de l’agriculture un levier de développement

Cet article fait référence à l’introduction du mémoire de Annick-Brenda AFANOUKOE réalisé durant son Master I Relations Internationales et Diplomatie à l’HEIP – Hautes Études Internationales & Politiques (2022/2023)

Titre du mémoire : Quelles stratégies pour faire de l’agriculture un levier de développement économiques en Afrique de l’Ouest ?

Commençant par la « révolution verte »[1] initié par la Banque mondiale, l’aide publique au développement, (Figure 1)[2] l’appel lancé à Maputo en 2003 par l’Union africaine (UA) pour que les gouvernements du continent allouent au moins 10 % de leur budget national à l’agriculture.

Par la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel sur le changement climatique lancé en 2005 par Olesegun Obasanjo[3].

Et finalement la feuille de route de l’UA, avec l’agenda de 2063 ayant pour but de faire du continent un cadre pour le développement économique, social et politique sur une période de 50 ans, de 2013 à 2063.

De nombreuses initiatives internationales, régionales, nationales ont accordé une attention à l’agriculture en Afrique en tant que moteur de développement économique et de réduction de la pauvreté.

Malgré les multiples aides et engagements, 23 ans après, les défis à relever sont toujours colossaux.

aide publique au développement en Afrique de l'Ouest
Figure 1

L'Afrique de l'Ouest

L’Afrique de l’Ouest (Figure 2) est une région dynamique et diversifiée, jouant un rôle clé dans le développement socio-économique du continent africain.

Cette région regroupe 16 pays côtiers de l’Afrique, de la Mauritanie au Sénégal à l’ouest, au Nigeria. Elle comprend huit pays francophones. Leurs voisins sont des pays anglophones tels que le Nigeria, le Ghana, la Gambie, la Sierra Leone et le Liberia mais aussi lusophones, comme le Cap-Vert et la Guinée-Bissau.

Cette partie de l’Afrique est découpée en deux grandes zones climatiques. Le Sud équatorial, avec un climat chaud et humide, d’abondantes pluies et des forêts. Le Nord sahélien, avec des savanes et des régions désertiques.

Les fleuves les plus importants qui traversent cette partie de l’Afrique sont le Niger, la Gambie et le Sénégal. Elle se caractérise par une richesse culturelle et ethnique, une grande variété de paysages, des ressources naturelles abondantes et une population en croissance rapide.

Pays de l’Afrique de l’Ouest : Source Aurélie Giordano, Musicarte
Figure 2 - Pays de l’Afrique de l’Ouest : Source Aurélie Giordano, Musicarte

L'agriculture, un levier économique possible ?

Faire de cette région un levier de développement économique via l’agriculture signifie reconnaître le potentiel de l’agriculture pour stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté et promouvoir l’indépendance économique.

Cela implique de placer l’agriculture au cœur des politiques de développement et de lui accorder une attention prioritaire.

L’indépendance économique est un objectif majeur pour les nations africaines, qui cherchent à se libérer de la dépendance vis-à-vis de l’extérieur, à renforcer leur capacité et à créer une croissance durable et inclusive.

Dans ce contexte, l’agriculture offre des opportunités significatives pour réaliser cet objectif en tant que secteur clé de l’économie africaine.

En effet, au cours des dernières années, les gouvernements ont manifesté un intérêt croissant pour le développement de l’agriculture en Afrique de l’Ouest, ces intérêts sont-ils suffisants ?

Nous avons choisi d’étudier ce mémoire avant tout car l’agriculture joue un rôle crucial dans le développement socio-économique de l’Afrique de l’Ouest.

En tant que région caractérisée par une forte dépendance à l’agriculture, elle est confrontée à des défis majeurs tels que l’insécurité alimentaire, (Figure 3,4)[4] la réduction de la pauvreté et le développement durable.

Comprendre les enjeux, les pratiques agricoles, les politiques et les initiatives en cours dans cette région revêt une importance capitale pour promouvoir une croissance inclusive et durable.

Ce mémoire se propose d’explorer l’agriculture au sein de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en mettant l’accent sur ses aspects clés, ses défis et ses opportunités.

Tous les sujets ne seront pas abordés en détail. Il vise à analyser les défis actuels de l’agriculture dans la région, en prenant en compte les dimensions socio-économiques, environnementales et politiques.

En outre, il examinera les politiques agricoles existantes et les initiatives mises en place pour renforcer le secteur agricole.

insécurité alimentaire sévère a doublé dans l'espace cedeao
Figure 3 - L'insécurité alimentaire sévère dans l'espace cedeao
réserve régionale de sécurité alimentaire
Figure 4 - Réserve régionale de sécurité alimentaire

Objectifs du mémoire

Le but ultime de ce mémoire est de contribuer aux connaissances et aux débats sur l’agriculture en Afrique de l’Ouest, en fournissant des recommandations pertinentes pour les décideurs politiques, les chercheurs et les acteurs du développement.

En identifiant les opportunités et les défis spécifiques à cette région. Ce mémoire aspire à contribuer à l’élaboration de politiques agricoles efficaces, à la promotion de pratiques agricoles durables et à l’amélioration des moyens de subsistance des populations rurales en Afrique de l’Ouest.

Il s’agit également de museler partiellement le débat visant à indexer une puissance coloniale comme responsable des différents maux du continent, de la région.

Par ce mémoire, nous cherchons à démontrer le manque de volonté des gouvernements, les principaux responsables de ce cancer qui ronge la région depuis des années.

Tant qu’il n’y aura pas une réelle prise de conscience, l’absence de volonté continuera à se traduire par des actions microscopiques et, par conséquent, le développement économique tardif.

Ce mémoire s’inscrit dans une démarche visant à mieux comprendre l’agriculture en Afrique de l’Ouest, à analyser les défis et les opportunités, et à formuler des recommandations pour faire de la région un marché intérieur dynamique et un levier de développement économique.

Des questions essentielles reviennent toujours lors des débats :

Et si l’Afrique produisait ce qu’elle consomme, est-ce normal de manquer des produits qu’on peut produire ? Voilà des décennies que ces interrogations font le tour des discussions.

Comment se fait-il que, avec l’aide extérieure, la question de la sécurité alimentaire demeure un enjeu dans la région ?

Quels rôles jouent les gouvernements, les organisations internationales, régionales, non gouvernementales dans ce processus de développement ?

Comment améliorer les échanges de biens agricoles au sein des pays de l’économique des États de l’Afrique de l’Ouest, entre celles-ci et le monde pour que l’intégration régionale profite durablement aux agriculteurs africains et à l’économie dans sa globalité ?[5] 

Potentiel agricole de l'Afrique

Selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Afrique est encore loin de prendre la mesure de son potentiel agricole.

Le continent hébergerait en effet 60% des terres non cultivées au monde « Au niveau mondial, la demande de produits agricoles est censée doubler lorsque la population mondiale atteindra 9,1 milliards en 2050.

L’Afrique est ainsi en passe de devenir un continent stratégique pour l’industrie agro-alimentaire mondiale, avec près de 60% des terres non cultivées au monde », a ainsi déclaré le 22 février 2017 à Dakar Reda Lebtahi, expert en gestion de crises et représentant de la FAO au Sénégal.

La région dispose en effet d’un potentiel pouvant nourrir un grand nombre de la population mondiale. Les différents pays composant la région regorgent de terres riches non exploitées.

L’Afrique de l’Ouest abrite plusieurs pays qui ont un potentiel agricole important en raison de leurs ressources naturelles, de leur climat favorable et de leur main-d’œuvre agricole.  

Le Libéria possède des terres fertiles propices à l’agriculture, avec un climat favorable à la production de cultures tropicales. Les principales cultures comprennent le riz, le maïs, le manioc.

Le pays dispose d’un potentiel d’exportations de produits tels que le caoutchouc, l’huile de palme et le cacao.

Ces capacités se retrouvent aussi dans des pays comme la Mauritanie, la Sierra Leone.  Ce ne sont qu’un aperçu du potentiel agricole de quelques pays d’Afrique de l’Ouest.

La croissance rapide de la population connaît actuellement la plus forte croissance démographique au monde, avec des projections indiquant que sa population doublera d’ici 2050 pour atteindre environ 2,5 milliards de personnes, selon les données ci-dessous.

L’augmentation rapide de la population africaine soulève certes des préoccupations en matière de sécurité alimentaire, de santé, d’éducation, d’emploi et d’environnement.

Mais il faut surtout voir le potentiel. Il s’agira de la population la plus jeune dans le monde.

Celle-ci aura alors moins de 25 ans, selon les récentes projections des Nations unies publiées. (Figure 5)

taille de la population mondiale par aire géographique projections à partir de 2020 jusqu'à la fin du siècle
Figure 5 - Taille de la population mondiale par aire géographique projections à partir de 2020 jusqu'à la fin du siècle

De plus, cette nouvelle génération montre son intérêt pour le monde de l’agriculture. Tout d’abord, l’agriculture offre des perspectives d’emploi importantes pour les jeunes africains.

En effet, le secteur agricole représente une source d’emplois importante en Afrique, notamment pour les jeunes, qui constituent une part importante de la population active.

Avec une demande croissante pour les produits agricoles locaux, l’agriculture offre de réelles opportunités d’emploi pour les jeunes.

Les jeunes Africains sont conscients de l’importance de produire localement des aliments sains et nutritifs pour répondre aux besoins alimentaires de la population, en particulier dans les zones rurales où la pauvreté et la faim sont encore très présentes.

Enfin, l’agriculture offre des opportunités pour l’innovation et l’entrepreneuriat. L’importance de l’innovation et de l’entrepreneuriat pour le développement économique et social de l’Afrique sont au cœur des débats pour la nouvelle génération.

Dans le secteur agricole, il existe de nombreuses possibilités pour développer de nouveaux produits, de nouveaux processus et de nouveaux modèles d’affaires.

Pour ce faire, l’UA reconnaît l’importance des jeunes en Afrique et leur rôle crucial dans la réalisation du développement durable du continent.

Elle place les jeunes au cœur de son programme en reconnaissant leur potentiel, leurs aspirations et leur capacité à façonner l’avenir de l’Afrique.

L’Agenda 2063 reconnaît que la jeunesse africaine constitue un important dividende démographique et qu’elle représente une ressource précieuse pour le développement économique, social et politique du continent.

Les acteurs oeuvrant pour le développement de l'agriculture

Par ailleurs, divers acteurs œuvrent financièrement pour le développement de l’agriculture au sein de la région. Depuis la « révolution verte » à nos jours, des milliards ont été débloqués afin de contribuer à l’indépendance économique de la région.

Malgré la capacité, plusieurs pays continuent d’exporter des produits qu’ils peuvent eux-mêmes produire ou transformer.

Le Bénin continue d’exporter du riz de l’Inde. Le Mali, grand producteur de coton importe des vêtements de Chine. La Côte-d’Ivoire est le premier pays producteur de cacao devant le Ghana.

Au même moment, le pays importe officiellement des denrées alimentaires, riz, poissons congelés, poulet, viande, et autres.

Selon le centre de droit commercial pour l’Afrique australe, plus de 80% de nourriture importée en Afrique de l’Ouest provient de l’extérieur de l’Afrique[6]. (Figure 6)

Tendances des exportations de céréales de l'Afrique par région (2016)
Figure 6 - Tendances des exportations de céréales de l'Afrique par région (2016)

En dépit des discours favorisant un meilleur avenir, de meilleures conditions de vie et de travail.

Les défis qui entourent la région semblent toujours aussi profonds. Défis structurels, économiques, environnementaux.

La région ne cesse d’accumuler du retard alors qu’elle dispose de tous les moyens nécessaires pour pallier ces défis.

Souvent ignorée dans les débats la question de la réforme foncière[7], l’accès aux terres, l’accaparement des terres sont des défis primordiaux à résoudre.

La crise alimentaire de 2008, la pandémie de Covid-19 puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont entraîné des problèmes d’approvisionnement et une flambée des prix.

Cette situation a mis les différents pays sous tension, dès lors il ne s’agit que de produire, de consommer localement et faire de l’économie de rente lors des débats.

En effet, au cours des dernières années, les gouvernements ont manifesté un intérêt croissant pour le développement de l’agriculture au sein de la région.

Pour ce, faire il est important de déterminer le potentiel de la région. Chapitre 1.

Il ne s’agira pas de parler directement des partenariats ce qui conduirait à des solutions simplistes négligeant des obstacles majeurs, mais d’évoquer conjointement les défis primordiaux qui délieront l’accès aux partenariats. Chapitre 2

Pour rappel, l’article présente uniquement l’introduction du mémoire. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous adresser directement auprès de l’auteur.

Annick-Brenda AFANOUKOE

Annick-Brenda AFANOUKOE

Pour approfondir

géopolitique Afrique de l'Ouest

Gestion, maîtrise et aménagement des ressources naturelles en Afrique de l’Ouest et du Centre

Notes

[1] La révolution verte : Initiative qui vise à promouvoir l’adoption de technologies agricoles modernes et de pratiques agricoles améliorées pour augmenter la productivité agricole et améliorer la sécurité alimentaire en Afrique. L’initiative est soutenue par divers acteurs, y compris la Banque mondiale.

[2] Selon les données 2018 des 30 pays membres du comité d’aide au développement de l’OCDE, l’aide publique au développement a certes diminué de 2,7% par rapport à 2017 mais demeure la principale source de financement particulièrement au Sahel et en Afrique de l’Ouest.

[3] Ancien président du Nigéria

[4] Environ 3.8 millions de personnes ont eu besoin d’assistance immédiate (phases 3-5) en octobre-décembre 2019 dans les huit pays membres de l’UEMOA. Figure 3

Principale composante de la Stratégie régionale de stockage de sécurité alimentaire de la CEDEAO, la réserve régionale de sécurité alimentaire constitue une troisième ligne de défense en cas de crise alimentaire, après les stocks de proximité à l’échelle locale/communautaire et les dispositifs nationaux. Figure 4

[5] B. Faivre-Dupaigre. P. Alary, R. Blein, B, Soulé. Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde : améliorer le fonctionnement des marchés agricoles en Afrique de l’Ouest résumé.

[6]  Alliance for a Green Revolution in Africa (AGRA). 2016. Africa Agriculture Status p.13

[7] Définition : Le titre foncier, nommé aussi titre bleu, est un acte certifiant la propriété ou le partage d’un bien immobilier. Le but est de couvrir les droits du propriétaire. Le titulaire d’un titre bleu est reconnu comme étant le véritable et unique propriétaire du lot ou de la propriété en question. Juridiquement parlant, un titre foncier représente un document public. Cette information est disponible dans le cadastre tenu par le conservatoire de propriété foncière. Il s’agit d’un organisme chargé de garantir les droits réels de tout propriétaire sur son terrain. © V&P Immobilier

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