Dans mon précédent article, je traitais des effets des oméga 3 sur les performances sportives, particulièrement sur l’endurance et la fonction cardiovasculaire.

Ces effets sont plus vastes et concernent notamment les exercices en résistance dont traitera le présent article.

En effet, les contractions réalisées lors d’un entrainement en musculation peuvent a posteriori causer de fortes courbatures (1,2,3).

Celles-ci peuvent survenir 1 à 3 jours après l’entrainement et induire des effets négatifs comme réduire la mobilité, la force musculaire ainsi qu’émettre parfois un gonflement au niveau du muscle (1,2,3,4).

Ces effets indésirables sont liés au fait que les exercices de musculation occasionnent des micro-dommages au sein des fibres musculaires participant in fine à une réaction inflammatoire plus ou moins importante (5,6,7).

Partant, les chercheurs se sont intéressés aux effets des oméga 3 associés à la musculation (3,8,9).

Musculation

Oméga 3 et force musculaire

Plusieurs études portant sur la diminution de la force musculaire à la suite de contractions répétées lors d’un entrainement de musculation et la prise d’oméga 3 sont référencées dans la littérature scientifique.

Parmi celles-ci, celle d’Houghton et d’Onambele a évalué cette diminution de la force musculaire à la suite d’un exercice en résistance et n’a pas mis en évidence d’effets significatifs en faveur d’une supplémentation en oméga 3 (EPA : 0,36 g/j) pendant 3 semaines en comparaison avec le groupe placebo (10).

Également, l’équipe de DiLorenzo n’a pas rapporté de différences significatives sur la réduction de la diminution de la force musculaire après 60 contractions excentriques des fléchisseurs du coude entre un groupe supplémenté en oméga 3 (DHA : 2 g/j) durant 4 semaines et un groupe placebo (11).

Enfin, Lenn et ses collaborateurs ont observé des résultats similaires concernant la réduction de la force musculaire après 50 contractions excentriques des fléchisseurs du coude entre un groupe supplémenté en oméga 3 (EPA : 0,29 g/j ; DHA : 0,19 g/j) durant 30 jours et un groupe placebo ().

Toutefois, d’autres auteurs se sont intéressés à l’effet d’une supplémentation en oméga 3 (EPA : 0,6 g/j ; DHA : 0,26 g/j) pendant 8 semaines sur un groupe de 24 hommes (19,5 +/- 0,8 ans) et ont observé des effets significatifs, notamment une amélioration de 17% du couple de la contraction maximale volontaire à la suite de 30 contractions excentriques des fléchisseurs du coude (voir figure ci-dessous) (3).

image 17
Changement (moyenne +/- écart-type) de la contraction maximale volontaire (%) avant, immédiatement après et 1, 2, 3, 5 jours après des contractions excentriques dans un groupe supplémenté en oméga 3 et dans un groupe placebo. (13)

Ces résultats sont intéressants puisqu’il semblerait qu’une supplémentation sur le long terme (8 semaines) permette d’obtenir des effets significatifs.

Ceci est d’ailleurs concordant avec le fait qu’une supplémentation en oméga 3 supérieure à 30 jours est nécessaire pour observer des résultats significatifs sur les cellules du myocarde humain (13).

Pour appuyer ces résultats à la suite d’une supplémentation à long terme, une étude d’Ochi et ses collaborateurs réalisée sur sur 21 hommes (21 +/- 0,8 ans) a mis en évidence des effets significatifs concernant une supplémentation en oméga 3 (EPA : 0,6 g/j ; DHA : 0,26 g/j) pendant 8 semaines sur l’amélioration de ce déficit en force à la suite de contractions répétées (14).

Oméga 3 et courbatures

Plusieurs études ont mis en évidence un effet d’une supplémentation en oméga 3 sur les courbatures (3,14,15,16).

Parmi ces études, Taribian et ses collaborateurs ont observé une inhibition des courbatures après 40 minutes de montée de banc à la suite d’une supplémentation en oméga 3 (EPA : 0,32 g/j ; DHA : 0,22 g/j) pendant 30 jours (17).

D’autres ont démontré qu’une supplémentation en oméga 3 (EPA : 2 g/j ; DHA : 1 g/j) durant 2 semaines avait permis de diminuer les courbatures à la suite d’une contraction excentrique à 120% de la force maximale (1 RM) (18).

De plus, l’étude précédemment citée concernant la perte de force témoigne, elle aussi, après une supplémentation en oméga 3 de 8 semaines, d’une diminution significative des courbatures (3).

Changement (moyenne +/- écart-type) du niveau des courbatures avant, immédiatement après et 1, 2, 3, 5 jours après des contractions excentriques dans un groupe supplémenté en oméga 3 et dans un groupe placebo. (13)
Changement (moyenne +/- écart-type) du niveau des courbatures avant, immédiatement après et 1, 2, 3, 5 jours après des contractions excentriques dans un groupe supplémenté en oméga 3 et dans un groupe placebo. (13)

Cependant, ces résultats ne sont pas retrouvés lorsque la supplémentation résulte uniquement de l’EPA ou du DHA seul (voir mon article à ce sujet) (11,19).

Partant, il semblerait qu’une synergie ait lieu lorsque l’EPA et le DHA sont combinés mais qu’un ratio à respecter de l’ordre de 2:1 soit nécessaire pour l’obtenir (20).

Oméga 3 et amplitude de mouvement

Comme mentionné précédemment, plusieurs études ont mis en évidence l’effet des oméga 3 sur la diminution de l’amplitude de mouvement à la suite de contractions excentriques (3,14,15,17,21)

A ce titre, l’étude suscitée de Taribian a mis en évidence une atténuation de cette diminution de l’amplitude de mouvement après 40 minutes de montée de banc (17).

De plus, cette atténuation est retrouvée dans une autre étude après une supplémentation en oméga 3 durant 8 semaines (3,15).

Changement (moyenne +/- écart-type) de l'amplitude de mouvement (%) avant, immédiatement après et 1, 2, 3, 5 jours après des contractions excentriques dans un groupe supplémenté en oméga 3 et dans un groupe placebo. (13)
Changement (moyenne +/- écart-type) de l’amplitude de mouvement (%) avant, immédiatement après et 1, 2, 3, 5 jours après des contractions excentriques dans un groupe supplémenté en oméga 3 et dans un groupe placebo. (13)

Cependant, deux études n’observent pas d’effets significatifs liant supplémentation en oméga 3 et amplitude de mouvement (14,21)

Ainsi, il n’y a pas de consensus concernant l’effet d’une supplémentation en oméga 3 sur l’amplitude de mouvement post contractions excentriques et des études supplémentaires doivent être réalisées.

Oméga 3 et inflammation

Des chercheurs se sont intéressés au rôle des oméga 3 sur l’inflammation et ont observé qu’une supplémentation en oméga 3 inhibait l’élévation du TNF-a et de l’interleukine 6 (IL-6) (des marqueurs de l’inflammation) (22).

D’autres études ont mis en évidence que l’ingestion d’oméga 3 pouvait inhiber l’élévation des niveaux d’IL-6 et de TNF-a après des contractions excentriques ou d’un exercice d’endurance (9,11,19,22).

Changement (moyenne +/- écart-type) de la concentration d'interleukine-6 avant, immédiatement après et 1, 2, 3, 5 jours après des contractions excentriques dans un groupe supplémenté en oméga 3 et dans un groupe placebo. (13)
Changement (moyenne +/- écart-type) de la conc