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Industrie automobile : une transition juste et équitable

Cet article fait référence à la partie 4 du mémoire de Master 1 d’Astrid ETONDE réalisé durant son Master 1 Relations Internationales et Diplomatie (2022/2023)

Partie 1.     –     Partie 2.       –    Partie 3.

Titre du mémoire : L’industrie automobile européenne face aux défis de la transition écologique

Nous ne pouvons aborder la question de la décarbonation du parc automobile européen sans tenir compte de ses implications sur la population, les consommateurs, les entreprises et les régions, compte tenu de l’importance accordée par notre société à ce mode de transport.

Trop souvent, les problématiques écologiques sont perçues comme relevant uniquement des classes supérieures capables de suivre des pratiques écologiques coûteuses.

Cependant, la transition vers une économie verte a un prix, ce qui crée souvent des disparités et des injustices.

Étant donné que la voiture est utilisée par tous, il est essentiel que la transition soit équitable et accessible à tous pour atteindre les objectifs du continent neutre d’ici 2050 et répondre aux exigences des Accords de Paris.

Face à cette nouvelle réalité, il est légitime de se poser certaines questions :

  • Quelles seront les conséquences de la transition écologique pour nous ?
  • Est-ce que cela entraînera des pertes d’emplois ou au contraire en créera-t-il de nouveaux ?
  • Est-ce que tout le monde pourra se permettre de pouvoir acheter un véhicule électrique ?

Dans cette ultime partie, nous examinerons les mesures envisagées par l’Union européenne pour les entreprises et les travailleurs (A), les régions dépendantes du secteur automobile (B), ainsi que les mécanismes sociaux et environnementaux mis en place pour guider une politique équitable sur les plans social et environnemental (C).

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La reconversion professionnelle et le soutien aux travailleurs

Nous l’évoquions au début de ce mémoire, la transition écologique du secteur automobile a créé ce que l’économiste Schumpeter appelle “la destruction créatrice”.

Cela a donné naissance à tout un écosystème autour de l’écomobilité au cours de ces dernières années. Selon la loi de la destruction créatrice, il est nécessaire que l’ancien cède la place au nouveau afin de favoriser l’innovation continue.

Cependant, cette évolution suscite deux hypothèses divergentes. D’un côté, certains estiment que la transition écologique des transports va créer de nouveaux emplois, notamment dans les domaines des batteries et de l’hydrogène grâce au renforcement de l’avance technologique et la compétitivité accrue des industries européennes.

D’un autre côté, certains craignent que cette transition ne conduise à une perte d’emplois dans le secteur, comme le souligne l’ONG Réseau Action Climat en raison d’une anticipation insuffisante de la transition vers une économie verte.

C’est pourquoi l’Union européenne a décidé d’apporter une attention particulière aux PME afin de les accompagner dans ce défi. L’UE a alors mis en place diverses initiatives et mesures de soutien visant à faciliter la transition vers une mobilité plus durable et à renforcer la compétitivité des PME du secteur automobile.

Parmi ces initiatives, on peut citer l’allocation de fonds spécifiques pour la recherche et le développement de technologies vertes comme le programme de formation et d’accompagnement, garantissant des formations spécifiques destinés aux petites et moyennes entreprises afin de renforcer les compétences des travailleurs, à favoriser l’acquisition de nouvelles connaissances technologiques et à promouvoir l’adoption de pratiques durables.

L’Union tente également de promouvoir des partenariats public-privé favorisant l’innovation et la collaboration entre les acteurs de l’industrie automobile et les PME, avec le fonds européen pour les investissements stratégiques.

Grâce à ces efforts, l’Union européenne essaye de créer un environnement propice à la croissance et à la compétitivité des PME.

Pour accompagner les travailleurs face à ces transformations majeures, l’Union européenne a pris des mesures concrètes pour renforcer les compétences et former une main-d’œuvre qualifiée dans le domaine de la mobilité durable.

Dans ce contexte, l’Académie européenne des batteries a été mise en place en 2021, offrant des formations spécialisées axées sur les technologies de pointe liées aux batteries.

Cette initiative ayant un budget alloué de 10 millions d’euros, répond à la demande croissante en main-d’œuvre qualifiée dans ce même secteur, en développant les compétences nécessaires pour la fabrication, l’entretien et le recyclage des batteries utilisées dans les véhicules électriques.

Grâce à cette académie, les travailleurs ont accès à des programmes de formation adaptés et à jour, leur permettant de se préparer efficacement aux besoins émergents de l’industrie de la mobilité durable.

Il est évident que l’Union européenne a fait preuve d’une volonté proactive pour anticiper au mieux les changements engendrés par la transition écologique, tant du point de vue des entreprises que des travailleurs.

Cela démontre l’importance accordée par l’Union européenne à la création d’un environnement favorable à la croissance économique, à la compétitivité des entreprises et à la préservation des emplois dans le secteur de l’automobile.

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L’accompagnement des régions dépendante du secteur automobile

La Partie 1 soulignait l’importance de l’industrie automobile européenne en tant que secteur majeur de l’Union européenne, générant d’importants investissements et revenus.

Cette réalité est particulièrement notable dans de nombreuses régions de l’Europe de l’Est, qui, en raison de leur histoire, sont hautement industrialisées et se sont spécialisées dans l’industrie automobile.

En effet, les zones orientales et centrales ont vu en seulement quinze ans, leur production automobile a doublé.

Afin de soutenir ces régions dans leur transition économique et de minimiser l’impact potentiel sur leur développement, l’Union européenne a mis en place des politiques visant à fournir un soutien financier adéquat.

Parmi ces politiques, on peut citer le Fonds européen de développement régional (FEDER) et le Fonds pour la transition juste.

Ces politiques de soutien financier de l’UE témoignent de l’engagement de l’Union à accompagner les régions de l’Europe de l’Est dans leur transformation économique. En mettant l’accent sur la diversification économique et la durabilité, ces initiatives visent à atténuer les effets négatifs potentiels  des changements économiques et à favoriser une croissance économique équilibrée et durable dans ces régions.

Le FEDER, mentionné précédemment, joue un rôle essentiel en fournissant un soutien financier aux régions de l’Europe de l’Est pour la diversification économique, la promotion de l’innovation et la création d’emplois dans des secteurs non liés à l’industrie automobile.

Parallèlement, le fonds pour la transition juste se concentre spécifiquement sur les régions dépendantes des industries fortement émettrices de carbone, en leur offrant des ressources financières et techniques pour faciliter leur transition vers une économie plus durable.

Grâce à ce fonds, ces régions peuvent mettre en œuvre des projets de transition énergétique, encourager la formation professionnelle et créer de nouvelles opportunités d’emploi dans des secteurs verts émergents.

Les politiques sociales et environnementales pour une transition juste

Sachant pertinemment que toutes ces politiques visant à garantir une économie bas-carbone et respectueuse de l’environnement ont des répercussions sur les citoyens, l’Union européenne reconnaît l’importance de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte lors de cette transition, en particulier les ménages les plus défavorisés.

De plus, il convient de souligner que la part de consommation des ménages a considérablement diminué en raison des différentes crises survenues depuis la crise des subprimes, comme le montre clairement la figure ci-dessous :

Croissance réelle du revenu et de la consommation des ménages par habitants entre 2008 et 2019
Figure 6 : Croissance réelle du revenu et de la consommation des ménages par habitants entre 2008 et 2019

Cela met en évidence la nécessité urgente d’adopter des politiques sociales et environnementales qui tiennent compte des impacts socio-économiques de la transition vers une économie durable.

C’est pourquoi l’UE met en place des politiques sociales et environnementales visant à garantir une transition juste pour tous.

En effet, force est de constater que le prix moyen de l’achat d’un véhicule a augmenté au fil du temps, en passant de 27 000 euros en 2010, à 32 000 euros en 2022.

Alors, il est justifiable de penser que pour ces ménages, le coût initial élevé des véhicules électriques peut représenter un obstacle financier pour de nombreux ménages à faible revenu.

Pour remédier à cette situation, des mesures sont prises pour rendre les véhicules électriques plus accessibles, telles que des subventions ou des réductions fiscales, pour encourager l’achat de voitures électriques par les ménages à revenu modeste, en offrant une prime de 1000 euros à l’achat.

En travaillant à l’extension de l’infrastructure de recharge pour les véhicules électriques, en veillant à ce que les zones urbaines et les régions rurales bénéficient d’un accès équitable aux points de recharge dans les zones urbaines et rurales afin de toucher le plus de ménages.

En conclusion, la décarbonation du parc automobile européen va plus loin qu’un ensemble de série de mesure dû au fait qu’elle a des conséquences directes sur les populations.

C’est pourquoi la décarbonation nécessite une transition équitable et accessible à tous. Pour ce faire, l’Union a lancé des politiques de soutien pour soutenir les entreprises du secteur automobile, les régions qui dépendent de ce secteur, et les ménages.

Malgré les progrès réalisés, des défis subsistent pour assurer la création d’emplois durables et l’accès équitable à la mobilité durable pour tous.

Il est donc essentiel de poursuivre les efforts afin de parvenir à une économie bas-carbone et de faire face aux enjeux climatiques actuels.

Conclusion

Nous sommes arrivés à la fin de notre réflexion, et il est maintenant temps de présenter notre conclusion, qui devrait répondre à la problématique initiale : dans quelle mesure le secteur automobile européen peut-il relever les défis de la transition écologique tout en préservant sa force et sa compétitivité, tout en évitant la création de nouvelles dépendances technologiques et économiques, et en assurant une transition juste et équitable

?

Pour formuler notre conclusion, nous allons diviser celle-ci en trois points, qui correspondent aux aspects soulevés dans la problématique auxquels nous proposerons des recommandations.

L’Union européenne doit relever le défi de la transition écologique

En  effet,  nous  l’avons  vu,  au  fil  des  années,  l’Union  européenne  s’est progressivement engagée de manière de plus en plus contraignante envers des enjeux environnementaux majeurs, tels que les Accords de Paris ayant pour but de ne pas dépasser une hausse des températures de plus de 1,5 °C.

L’Union s’est ensuite alignée sur ces ambitions, avec le Pacte Vert pour l’Europe souhaitant garantir un continent neutre à l’horizon 2050.

L’Europe va même jusqu’au bout du processus avec la mise en place du Plan “Ajustement à l’objectif 55” visant à décarboner le parc automobile, mesure essentielle pour réduire les émissions de carbones, lorsque l’on sait que le secteur du transport représente environ un quart des émissions totales de CO de l’UE en 2019, dont 71,7 % provenaient du transport routier.

Cependant, ce n’est pas parce qu’en parlant d’une seule et même voix par le consensus du vote de la commission, qu’elle en ait pour le moins unit, il existe dans l’ensemble de toutes ces mesures des disparités d’ordre idéologique, mais également lié au système énergétique de chacun de ces pays, pour qui la réduction totale des émissions carbone des gaz à effet de serre des nouveaux véhicules d’ici 2035 n’est pas du goûts de l’ensemble des 27.

Recommandation

Pour parvenir aux objectifs fixés, il est fondamental que l’Union européenne réussisse à unir toutes les parties prenantes.

C’est pourquoi, elle doit adopter une approche flexible et adaptative, impliquant de renforcer la coopération et l’échange de bonnes pratiques entre les pays membres. Il faudrait donc que les normes envisagées par l’UE puissent être appliquées de manière cohérente sur l’ensemble du territoire européen, favorisant ainsi une transition harmonieuse et efficace vers une mobilité plus durable.

L’industrie automobile européenne doit préserver sa force et sa compétitivité tout en évitant de nouvelle dépendance

La préservation de la force et de la compétitivité de l’industrie européenne repose sur son aptitude à innover techniquement, un domaine où l’Europe a toujours excellé sur la scène internationale.

La transition écologique repose essentiellement sur l’innovation technologique et numérique. Cependant, dans le domaine de la transition verte, l’Union européenne doit redoubler d’efforts pour se positionner face à ses principaux concurrents, les États-Unis et la Chine.

L’innovation basée sur l’utilisation de matériaux rares pourrait se pérenniser en Europe si une chaîne de valeur était établie sur le territoire européen. Néanmoins, l’UE est actuellement fortement dépendante de ressources contrôlées par des pays tels que la Chine, la Turquie ou l’Australie. C’est donc en sortant de ces dépendances que l’industrie automobile pourra préserver sa compétitivité

Recommandations

Pour permettre une industrie automobile compétitive, l’Union européenne doit se reconstruire une chaîne d’approvisionnement verticale locale et durable, de telle sorte à réduire sa dépendance vis-à-vis des puissances étrangères, alors même qu’elle essaye à peine de sortir de la dépendance des énergies fossiles.

Parallèlement, l’Union doit diversifier ses sources d’approvisionnement et revoir ses partenariats énergétiques de manière à aligner ses valeurs avec une diplomatie énergétique durable, en mettant l’accent sur le respect environnemental lors de l’extraction des ressources.

Ainsi, l’UE renforcera sa souveraineté énergétique tout en contribuant à la protection de l’environnement.

Pour rester compétitive dans le domaine de l’automobile verte, l’Union européenne doit faire des investissements massifs dans l’innovation technologique  et  numérique,  en  suivant  l’exemple  des  nombreux  programmes financiers qu’elle a déjà lancés.

Ces investissements permettront de stimuler la recherche et le développement de technologies avancées et durables, tels que les véhicules  électriques,  l’hydrogène,  et  les  systèmes  de  recharge intelligents.

En encourageant la collaboration entre les acteurs industriels, les instituts de recherche et les universités, l’Europe pourra renforcer son avantage concurrentiel et positionner ses entreprises en leaders mondiaux de l’automobile verte.

La transition écologique de l’industrie automobile, se doit d’être juste et équitable

Il est indéniable que les enjeux écologiques suscitent parfois des réticences en raison de leur coût élevé.

Cependant, étant donné l’impact direct des décisions de l’Union européenne sur les individus, les entreprises et les régions, il est impératif de minimiser les aspects onéreux de la transition vers l’écomobilité, du fait de l’importance considérable en raison du rôle prépondérant de l’automobile dans notre société.

C’est pourquoi l’Union européenne a mis en place des mécanismes financiers, en instaurant des compensations pour les individus et les entreprises affectés, et en proposant des programmes de reconversion professionnelle pour faciliter la transition vers des emplois liés à l’écomobilité.

De plus, d’importantes politiques sociales ont été instaurées afin d’accompagner les différents acteurs dans cette transition. Il est essentiel de garantir que cette transition soit à la fois réussie et équitable, en effet, son succès ne peut être évalué que par l’existence d’une justice sociale dans son déploiement.

Recommandation

La réussite de cette transition vers une mobilité plus respectueuse de l’environnement dépendra de la capacité de l’Union européenne à minimiser les impacts sociaux et économiques, à sensibiliser les acteurs concernés et à offrir  des  incitations appropriées.

En adoptant une approche équilibrée et en travaillant en collaboration avec tous les acteurs impliqués, il sera possible de réaliser une transition juste et équitable vers une mobilité durable, tout en préservant les avantages socio-économiques associés à la voiture dans notre société.

Rendez-vous en 2050, pour analyser si l’Union européenne tiendra toutes ses promesses….

Pour rappel, l’article présente uniquement la partie 4 du mémoire. Pour accéder au protocole, données ainsi qu’à la discussion du présent document, n’hésitez pas à vous adresser directement auprès de l’auteur.

Partie 1.       –        Partie 2.         –    Partie 3

Astrid ETONDE

Astrid ETONDE

Références

  • COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS Résilience des matières premières critiques : la voie à suivre pour un renforcement de la sécurité et de la durabilit. (2020, 3 septembre). eur-lex.europa.eu. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52020DC0474
  • Edition, S. (2022). ŠKODA AUTO en avance sur l& # 8217 ; objectif européen de réduction de ses émissions de CO2. ŠKODA | Salle de presse. https://presse.skoda.fr/skoda-auto-en-avance-sur-lobjectif-europeen-de-reduction-de-ses-emissions-de-co2/
  • Le monde d’après : l’industrie automobile européenne à la croisée des chemins. (2020, mai). Deloitte.fr. https ://www2.deloitte.fr/formulaire/pdf/deloitte_industrie-automobile-europeenne-2020.pd f
  • RÈGLEMENT DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL modifiant le règlement (UE) 2019/631 en ce qui concerne le renforcement des normes de performance en matière d’émissions de CO2 pour les voitures particulières neuves et les véhicules utilitaires légers neufs conformément à l’ambition accrue de l’Union en matière de clima. (2023, 22 février). parlement européen. https://data.consilium.europa.eu/doc/document/PE-66-2022-INIT/fr/pdf

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