Sommaire
Introduction
La philosophie de Nietzsche est loin d’être la plus accessible. En effet, complexe par son écriture poétique et aphorique, celle-ci peut être vue sous plusieurs concepts retraçant ses idées. Parmi ces grands concepts nous retenons ici : la volonté de puissance, le Surhomme, l’Amor fati, l’éternel recommencement et le renversement des valeurs.
C’est ainsi qu’à travers ces lignes j’ai tenté d’exposer d’une manière plus que réductionniste, mais compréhensible, les grandes idées de la philosophie de Nietzsche.
La volonté de puissance
Selon Nietzsche, la volonté de puissance est formulée en chacun de nous à partir de nos forces inconscientes que l’on peut nommer pulsions. Celles-ci contrôlent nos vies de manière globale en incitant nos choix, nos actions et nos pensées.
Pour lui, la volonté de puissance est représentée par cette formulation de nos forces inconscientes nous poussant vers le haut, afin de s’améliorer et, par extension, de s’accroître. Celle-ci est expressément orientée sur soi-même.
Nietzsche sous-tend également que cette volonté de puissance en chacun de nous permet de résister aux pulsions nihilistes et dégradantes, telles que celles engendrées par la religion catholique, qu’il critique abondamment.
Cependant, même si cette volonté de puissance est présente chez chacun, son intensité diverge en fonction des individus.
Le Surhomme
Le concept du Surhomme est lié à cette volonté de puissance en ce qu’elle permet continuellement d’être acteur de sa vie, à condition qu’elle soit maîtrisée.
En effet, le Surhomme tire parti au maximum de cette volonté de puissance en maîtrisant les forces inconscientes négatives qui le tirent vers le bas et en favorisant celles qui le tirent vers le haut.
Ce concept permet de rendre les Hommes meilleurs, les incitant à se dépasser perpétuellement et à ne pas céder à l’esprit facile des pulsions dégradantes ou nihilistes, comme la religion catholique qu’il prend pour exemple.
Pour Nietzsche, le Surhomme est celui qui pourra vivre sans Dieu, contrôler ses pulsions et s’élever en aimant la vie.
Amor fati
Locution latine signifiant « l’amour du destin » ou, dans une moindre mesure, son acceptation, l’Amor fati est un concept qui, lui aussi, est lié à celui du Surhomme. En effet, le fait d’accepter son destin tend à l’acceptation des évènements tant positifs que négatifs.
Cependant, comme susmentionné, l’accepter avec une volonté de puissance immodérée sous-entend de libérer les hommes de la morale, des conséquences des actes et des fatalités afin qu’ils puissent se réconcilier avec la réalité et en tirer parti. Ce concept peut parfaitement s’illustrer avec sa citation : « Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » (Crépuscule des idoles, 1888)
L’éternel retour
Ce concept s’interprète simplement par : mène ta vie en sorte que tu puisses souhaiter qu’elle se répète éternellement.
Dans un passage de son ouvrage Le Gai savoir, Nietzsche évoque un démon se glissant dans notre plus solitaire solitude, nous informant de ce que cette vie recommencera, avec ses hauts et ses bas éternellement :
« Et si un jour ou une nuit, un démon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait :
« Cette vie, telle que tu la vis et l’as vécue, il te faudra la vivre encore une fois et encore d’innombrables fois ; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque plaisir et chaque pensée et soupir et tout ce qu’il y a dans ta vie d’indiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la même succession et le même enchaînement – et également cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et également cet instant et moi-même. L’éternel sablier de l’existence est sans cesse renversé, et toi avec lui, poussière des poussières ! »
Ne te jetterais-tu pas par terre en grinçant des dents et en maudissant le démon qui parla ainsi ? Ou bien as-tu vécu une fois un instant formidable où tu lui répondrais : « Tu es un dieu et jamais je n’entendis rien de plus divin ! » Si cette pensée s’emparait de toi, elle te métamorphoserait, toi, tel que tu es, et, peut-être, t’écraserait ; la question, posée à propos de tout et de chaque chose, « veux-tu ceci encore une fois et encore d’innombrables fois ? » ferait peser sur ton agir le poids le plus lourd ! Oui, combien te faudrait-il aimer et toi-même et la vie pour ne plus aspirer à rien d’autre qu’à donner cette approbation et apposer ce sceau ultime et éternel ? »
(Nietzsche, Le Gai savoir, 341)
Pour Nietzsche, seuls les Hommes faibles déclineraient le fait de vouloir revivre leur vie éternellement. A contrario, un Surhomme y répondrait positivement et s’assurerait de revivre pleinement sa vie, notamment par le biais d’une forte volonté de puissance et d’un Amor fati.
Ainsi, il est question d’occulter toute pression morale dictant l’individu dans ses choix afin qu’il vive sa vie à chaque instant comme si celle-ci allait se répéter à l’infini.
Renversement des valeurs
Selon Nietzsche, la morale, la religion catholique et les valeurs occidentales sont issues d’une inversion des valeurs qu’il est nécessaire de renverser. Pour lui, le christianisme et la morale de bien et de mal qui lui est associée condamne toute forme de vie et d’épanouissement menant au Surhomme.
En effet, par la condamnation de la sexualité, des plaisirs de la vie et l’instauration d’une obéissance aux prêtres, de l’égalité et d’une pitié omniprésente, le christianisme synonyme pour lui de morale des faibles, à tuer l’Homme fort.
Dans son ouvrage Généalogie de la morale, Nietzsche remonte à la source de la morale platonicienne qu’il souhaite renverser afin de permettre aux Hommes de retrouver des valeurs de vie. Ci-dessous, quelques citations illustrant ce rejet du christianisme :
- « Il y a une morale de maîtres et une morale d’esclaves » Par-delà bien et mal, 260 ;
- « La décision chrétienne de trouver le monde laid et mauvais a rendu le monde laid et mauvais » Le Gai savoir, III, 130 ;
- « Le christianisme est né de l’esprit du ressentiment » Ecce Homo, généalogie de la morale.
Nietzsche en une phrase
Nietzsche avait un but précis : rendre les Hommes plus forts en leur permettant de se défaire des chaines moralisatrices et dictatrices du christianisme et ce, par l’amour immodéré de la vie, la maîtrise des pulsions dégradantes et une volonté de s’améliorer perpétuellement.
Livre pour débuter avec Nietzsche
Afin de commencer avec Nietzsche, je suggère de lire un ouvrage synthétisant ses idées, ses concepts et ses livres. Ainsi, le livre S’affirmer avec Nietzsche de Balthasar Thomas remplit parfaitement ce rôle.
Pour d’autres articles autour de la philosophie, cliquez ici.
Axel NIERDING
Lectures complémentaires
Ainsi parlait Zarathoustra
« Ainsi parlait Zarathoustra » représente une œuvre philosophique grandiose, ayant profondément influencé la pensée occidentale. André Gide disait de Nietzsche qu’il « démolit, il sape », et en effet, Nietzsche remet radicalement en question l’humanité. À travers le personnage du poète-prophète Zarathoustra, qui se retire dans les montagnes pour revenir parmi les hommes et leur délivrer son message.
Généalogie de la morale
À travers cette exploration de l’ascendance des valeurs morales, Nietzsche révèle le travail subtil de la volonté de puissance dans l’évolution de l’humanité. Ce qu’il offre au lecteur, celui qu’il souhaite capable de « rumination », ce sont les outils pour se libérer de l’idéal ascétique, qui s’est étendu de la religion à l’art et à la science. Ce faisant, il propose un chemin pour transcender le nihilisme contemporain.
Crépuscule des idoles
Ce court ouvrage est une déclaration de guerre de grande envergure. Les idoles scrutées ici ne sont pas celles de l’époque, mais des idoles éternelles. Elles sont martelées comme un diapason, car aucune idolâtrie n’est plus ancienne, plus auto-assurée, ou plus enorgueillie de son importance.
Le gai savoir
Écrit entre 1881 et 1887, initialement publié en 1882 dans une version incomplète avant d’être reprise et finalisée, « Le Gai Savoir » renforce et confirme le radicalisme de Nietzsche. Les grands thèmes de sa réflexion atteignent ici leur pleine maturité.
C’est bien écrit et claire, assez concis pour ne pas y passer de longues minutes et s’instruire dans un même temps.
Merci
Merci à vous !
Très bon article synthétisant de manière concise la philosophie d’un homme. Hâte de voir le prochain !
Merci beaucoup Simon !
Un beau paradoxe entre l’être et le Devenir…
« L’homme a besoin de ce qu’il y a de pire en lui s’il veut parvenir à ce qu’il a de meilleur »
Les grandes idées de Nietzsche sont bien résumées mon Axel, continue bravo !!
Bravo pour cet effort de rendre accessible cet auteur dont les concepts ne sont pas toujours aisés à décrypter…
On en redemande !