Sommaire
Introduction
Cet article fait suite aux deux précédents portant sur les oméga 3 autour de la performance sportive en endurance et en musculation.
Ce troisième article fera la part belle à la littérature scientifique autour des effets d’une supplémentation en oméga 3 sur les muscles ainsi que les mécanismes sous-tendant ces effets.
Dans un premier temps, nous verrons les effets d’une supplémentation en oméga 3 sur la masse musculaire, puis nous aborderons ses effets sur la fonction neuromusculaire.
Pour plus de détails concernant les appellations EPA et DHA abordées dans l’article, cliquez-ici.
Oméga 3 et masse musculaire
Le maintien de la masse musculaire est important tant pour les athlètes que pour les personnes âgées.
Le gold standard pour évaluer une augmentation ou une diminution de la masse musculaire est de mesurer l’aire de la surface de section du muscle ou de la fibre musculaire (1).
D’autres mesures sont également rapportées dans la littérature telles que les niveaux du métabolisme protéique de certaines hormones (e.g., GH) ou encore de certaines voies de signalisation (e.g., Akt/mTOR) (2,3,4,5,6).
Plusieurs études rapportent des effets d’une supplémentation en oméga 3 sur la masse musculaire.
Études chez l’animal
En effet, chez l’animal il a été mis en évidence que les oméga 3 (EPA et DHA) pouvaient permettre d’inhiber certains mécanismes de la dégradation musculaire (7,8,9,10).
En outre, il a été observé une activation de la voie de signalisation Akt/mTOR/p70S6K à la suite de l’ingestion d’oméga 3 (7,10). Cette voie de signalisation est connue pour jouer un rôle majeur dans la synthèse protéique.
Également, des chercheurs utilisant des souris déficientes en dystrophine (protéine indispensable à l’architecture cellulaire) ont observé, suite à l’ingestion d’oméga 3, une augmentation du nombre de cellules satellites (11).
De plus, Wei et ses collaborateurs ont rapporté qu’une diet enrichie en DHA permettait d’augmenter les niveaux d’expression des mRNA codant pour l’IGF-1, de la voie de signalisation Akt/mTOR/p70S6K ainsi que la synthèse protéique chez des cochons (9).
Quant à l’EPA, Wei et ses collaborateurs ont mis en exergue qu’il permettait d’augmenter la phosphorylation de mTOR dans des conditions de stress (8).
Ces résultats suggèrent que les oméga 3 peuvent jouer un rôle non négligeable sur la masse musculaire de certains animaux.
Études chez l’humain
Chez les humains, une supplémentation en oméga 3 (EPA : 1,86 g/jour ; DHA : 1,50 g/jour) pendant 8 semaines chez 9 sujets (hommes et femmes ; 25-45 ans) a permis d’augmenter l’expression de mTOR ainsi que la synthèse protéique (12).
D’ailleurs, ils ont réalisé la même supplémentation chez 44 sujets âgés (60-85 ans) pendant 6 mois et ont mis en évidence une augmentation de la masse musculaire (13).
En cela, leurs résultats laissent penser que les oméga 3 pourraient être utilisés comme thérapie afin de contrer la sarcopénie (13).
Cependant, ces résultats ne sont pas concordant avec ce qui a été retrouvé à l’entrainement.
En effet, McGlory et ses collaborateurs ont observé une diminution de la synthèse protéique à la suite d’une supplémentation en oméga 3 (EPA : 3,5 g/jour ; DHA : 0,9 g/jour) pendant 8 semaines avant et après un entrainement chez 20 hommes entraînés (21-24 ans) (14).
Enfin, une autre équipe de chercheurs a étudié l’effet d’une supplémentation en oméga 3 (EPA : 2,1 g/jour ; DHA : 0,6 g/jour) pendant 12 semaines après un entrainement de musculation (2 fois par semaine) chez des personnes âgées (15).
Là encore, ils n’ont observé aucun changement au niveau de l’aire de surface de section, de la synthèse protéique ainsi que de l’expression de la voie de signalisation Akt/mTOR/p70S6K (15).
Dès lors, il semblerait que le rôle des oméga 3 concernant la masse musculaire ne soit pas encore bien établi chez les humains. Partant, des investigations supplémentaires sont nécessaires.
Oméga 3 et fonction musculaire
La fonction musculaire peut être évaluée par plusieurs moyens tels que le pic de couple de force, la vitesse d’augmentation de la force (RFD/ Rate of Force Development), le 1RM, l’électromyographie (EMG), l’electrical mechanical delay (EMD) ainsi que divers tests de performance.
À ce propos, une étude précédemment mentionnée a mis en évidence qu’une supplémentation en oméga 3 (1,86 g/jour ; DHA : 1,50 g/jour) pendant 6 mois avait permis d’améliorer, en plus de la masse musculaire, la 1RM en squat ainsi que la force sur le handgrip chez 44 personnes âgées (13).
De plus, Lewis et ses collaborateurs ont investigué la réponse aigue à l’entrainement chez des jeunes hommes à la suite d’une supplémentation en oméga 3 (EPA : 0,38 g/jour ; DHA : 0,51 g/jour) durant 21 jours et ont observé une augmentation de l’EMG du vaste latéral comparé au groupe placebo (16).
Une autre étude, divisant 45 femmes âgées en moyenne de 64 ans en 3 groupes, s’est intéressée à la relation entre la supplémentation en oméga 3 et à l’effet de l’entrainement sur une durée supérieure à 12 semaines (17).
Dans cette étude, un premier groupe réalisait un entrainement en résistance pendant 90 jours, les deux autres groupes réalisaient le même entrainement mais supplémentés en oméga 3 pendant 90 ou 150 jours (17).
Leurs résultats indiquent une augmentation significative de l’EMG, de l’EMD, du pic de couple de force ainsi que du RFD dans les groupes supplémentés (17).
Enfin, Da Boit et son équipe ont mis en exergue qu’un entrainement en résistance couplé à une supplémentation en oméga 3 (EPA : 2,1 g/jour ; DHA : 0,6 g/jour) pendant 18 semaines avait permis d’augmenter le pic de couple de force de l’extenseur du genou chez des femmes âgées (18).
Ainsi, ces résultats suggèrent que les oméga 3 sont efficaces pour améliorer les adaptations neuromusculaires après des entrainements.
Ces améliorations peuvent être liées au fait qu’une augmentation d’oméga 3 dans les cellules nerveuses et musculaires à la suite d’une supplémentation peuvent augmenter la fluidité de la membrane et la sensibilité à l’acetylcholine (17,19,20,21).
Conclusion
Nous avons vu à travers cet article que les oméga 3 avaient des effets tant sur la masse musculaire que sur la fonction neuromusculaire.
En croisant cet article avec les 2 précédents, il semble que l’adoption d’une supplémentation en oméga 3 chez les athlètes (et pas que) soit une bonne stratégie à mettre en place à des fins d’optimisations de la performance sportive sur du long terme.
Concernant le dosage, 2 g/jour d’EPA et de DHA total sont recommandés pour les athlètes, soit environ 4 gélules d’oméga 3 de la marque Nutrimuscle (22,23).
Axel NIERDING
Pour approfondir
Guide des compléments alimentaires pour sportifs
L’objectif de ce guide sur les suppléments nutritionnels pour athlètes est de guider les sportifs dans le choix des compléments alimentaires les plus adaptés parmi l’éventail disponible. Ces sélections visent à optimiser leurs indicateurs biologiques individuels et, de ce fait, à améliorer leurs performances sportives.
Références
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