Sommaire
Introduction
L’acide maslinique, tout comme l’acide ursolique, est un composé triterpène dérivé de l’acide oléique, présent dans les plantes et particulièrement abondant dans la peau des fruits et des olives (Olea europaea) (1).
Celui-ci, obtenu à partir de certaines espèces de plante, est aussi présent en proportion considérable dans les déchets solides de la production d’huile d’olive (38 : 2).
La consommation journalière de triterpène est approximativement de 250mg dans les pays développés et jusqu’à 400 mg/kg dans les pays Méditerranéens qui consomment une plus grande quantité d’huile d’olive (3).
Acide Maslinique – Propritétés
Les propriétés d’inhibition de la protéase de l’acide maslinique ont été étudiées dans divers groupes de recherche dans le traitement de plusieurs pathologies notamment le VIH et le cancer (4,5).
Plus récemment il a été mis en évidence le rôle de l’acide maslinique comme facteur de croissance. De fait, les chercheurs ont investigué dans quelle mesure l’addition de l’acide maslinique à un plan alimentaire standard de poisson pouvait influencer la croissance, le turnover protéique et la concentration en acide nucléique dans le foie de truites arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss) (6).
Par exemple, l’alimentation de truites arc-en-ciel avec des régimes contenant de l’acide maslinique, allant de 1 à 250 mg/kg, a entraîné un poids corporel et hépatique plus élevé par rapport aux témoins.
L’augmentation de poids la plus élevée observée a été observée dans le groupe nourri avec 250 mg/kg, ce qui a donné lieu à une augmentation de 29 % par rapport aux témoins.
De plus, les niveaux totaux d’ADN hépatique ou d’hyperplasie des cellules hépatiques dans ce groupe de truites étaient 68 % plus élevés que ceux des témoins. Le foie joue un rôle important dans la régulation du métabolisme énergétique des poissons et constitue un site majeur pour la synthèse des acides gras et la gluconéogenèse.
Ainsi, sur la base de ces fonctions, l’acide maslinique semble jouer un rôle dans la régulation de la croissance des poissons (6). De plus, les taux de synthèse fractionnelle et absolue des protéines hépatiques étaient significativement plus élevés que dans le groupe témoin avec une augmentation significative de l’efficacité et de la capacité de la celle-ci.
Enfin, les études au microscope ont aussi confirmé que l’ingestion de 25 à 250 mg/kg d’acide maslinique rendait les hépatocytes plus compactes, avec un plus large réticulum endoplasmique rugueux et un plus large stockage en glycogène que les témoins (6).
L’effet de l’acide maslinique sur le muscle de la truite complète les travaux antérieurs sur le foie de la truite arc-en-ciel (7). Par exemple, le poids des muscles et le taux d’accumulation de protéines des truites nourries avec de l’acide maslinique étaient plus élevés que ceux des témoins. De plus, la croissance du corps entier de la truite s’est avérée similaire à celle du poids des muscles.
Les différences majeures par rapport au contrôle ont été détectées dans les groupes 25 et 250 mg/kg après 225 jours, lorsque la croissance du corps entier était respectivement de 19,3 % et 29,2 % supérieure à celle du groupe contrôle.
La teneur totale en ADN, ARN et protéines des truites nourries avec 25 et 250 mg/kg d’acide maslinique était significativement plus élevée que celle des truites témoins. Le rapport protéine:ADN était également légèrement supérieur à celui du contrôle.
En outre, les taux de synthèse protéique fractionnaire et absolu ont augmenté jusqu’à plus de 80 % par rapport aux valeurs témoins, alors qu’aucune différence n’a été trouvée dans le taux de dégradation fractionnaire des protéines (7).
Ces résultats étaient similaires aux résultats antérieurs sur le foie (6) montrant que l’acide maslinique peut agir comme un facteur de croissance lorsqu’il est ajouté à un régime alimentaire standard pour la truite.
Dans les conditions expérimentales actuelles, l’augmentation du nombre de cellules était supérieure à celle de la taille des cellules pour tous les groupes de truites (7).
Ceci est en accord avec les rapports précédents indiquant que les différences dans le nombre de cellules contribuent généralement largement à la croissance des tissus (8,9).
Matos et coll. (10) ont également observé une hypertrophie des fibres musculaires chez la dorade royale avec de l’acide maslinique, mais aucune différence dans la teneur en glycogène et en ATP du muscle.
Ensemble, ces résultats suggèrent que l’acide maslinique peut augmenter considérablement les taux de synthèse des protéines et agir comme un facteur de croissance lorsqu’il est ajouté au régime alimentaire de la truite.
Ces résultats, s’ils sont traduits dans les conditions de la pisciculture, pourraient représenter une augmentation importante de la production de truite et même justifier son utilisation comme additif alimentaire potentiel.
De plus, il serait utile d’appliquer cette étude à d’autres espèces et à l’homme pour évaluer son effet sur la synthèse protéique et la croissance musculaire.
Acide Maslinique étude sur l’homme
La première étude clinique humaine publiée sur un supplément d’extrait d’olive contenant de l’acide maslinique a évalué l’effet de ce dernier sur les douleurs légères du genou chez des sujets d’âge moyen et âgés (11).
Dans cet essai randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, les sujets consommaient soit trois gélules placebo, soit des gélules contenant 50 mg d’acide maslinique (500 mg sous forme d’extrait d’olive) une fois par jour pendant 12 semaines.
Le score analogique visuel de la douleur et les évaluations de la qualité de vie étaient légèrement plus élevés dans le groupe acide maslinique ; cependant, il n’y avait pas de différence significative par rapport au placebo (11).
Après 12 semaines, aucun changement significatif n’a été observé dans le groupe placebo ; cependant, l’acide maslinique a significativement diminué le poids corporel et l’IMC par rapport à la valeur initiale (11).
Ainsi, l’acide maslinique peut aider à favoriser la perte de poids et à réduire les symptômes de légères douleurs articulaires du genou ; cependant, des essais cliniques humains plus vastes sont nécessaires pour confirmer ces résultats.
Acide Maslinique mécanime d’action
Il a été démontré que l’acide maslinique présente une activité antioxydante contre les espèces réactives de l’oxygène (radicaux libres) et de l’azote (12,13).
Il a également montré un effet suppressif sur les cytokines pro-inflammatoires telles que le TNF-a et l’IL-6 dans les macrophages murins (13).
Ces deux mécanismes peuvent jouer un rôle dans l’augmentation de la synthèse protéique ainsi que dans le soutien des articulations. De plus, l’acide maslinique peut agir comme un inhibiteur de la glycogène phosphorylase dans le foie de la souris (14, 15), ce qui est corroboré par l’accumulation plus élevée de glycogène dans le foie de la truite arc-en-ciel (6).
Les glycogène phosphorylases qui catalysent la première étape de la dégradation du glycogène jouent un rôle important dans le métabolisme du glucose, en particulier dans la voie glycogénolytique.
L’effet anabolisant de cette molécule peut donc entraîner une accumulation de glycogène qui pourrait fournir un apport énergétique soutenu pendant l’exercice et contribuer à la performance.
Globalement, le nombre plus élevé de cellules musculaires, induit par l’augmentation de la teneur en ADN, ARN et protéines de la truite nourrie à l’acide maslinique, semble résulter d’une stimulation des voies de biosynthèse similaires à celles produites par un facteur de croissance (7).
Les processus de croissance chez les poissons sont liés à la production de coenzymes NADPH, qui jouent un rôle central dans le maintien de l’intégrité cellulaire, la synthèse des protéines et le maintien de l’équilibre redox (16).
Ainsi Rufino-Palomares et al. (16) ont évalué si l’acide maslinique produisait des changements dans la production de NADPH. En effet, l’acide maslinique a amélioré l’état métabolique des poissons, en augmentant l’activité et l’expression de l’isocitrate déshydrogénase et de l’enzyme malique dépendantes du NADP dans le foie et le muscle de la dorade royale.
Les chercheurs émettent également l’hypothèse qu’en raison de sa structure chimique triterpène qui ressemble aux hormones stéroïdes, il pourrait agir dans une voie de signalisation cellulaire d’une manière similaire à celle des hormones (6).
Par exemple, traverser la membrane plasmique et se lier à des récepteurs spécifiques du cytoplasme ou du noyau pour activer des gènes spécifiques liés à la croissance et à la synthèse des protéines (6).
Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires chez les mammifères pour découvrir les mécanismes sous-jacents impliqués dans les effets attribués à l’acide maslinique.
Conclusion
Des progrès considérables ont été réalisés dans notre compréhension de l’ensemble distinct de gènes et de voies de signalisation qui interviennent dans l’hypertrophie et l’atrophie des muscles squelettiques.
Compte tenu de la forte corrélation entre la surface transversale musculaire et la force musculaire, les athlètes professionnels et amateurs se tournent vers des thérapies alternatives pour améliorer la masse maigre et les performances, telles que les compléments alimentaires améliorant les performances.
Il existe une littérature restreinte mais croissante sur deux composés triterpénoïdes naturels : l’acide ursolique et l’acide maslinique. Il a été démontré que l’acide ursolique crée l’environnement anabolique idéal, qui améliore la signalisation insuline/IGF-1 des muscles squelettiques et régule négativement la voie catabolique ubiquitine-protéasome.
Chez l’homme, l’acide ursolique peut augmenter la force et diminuer la graisse corporelle. L’acide maslinique peut augmenter considérablement les taux de synthèse des protéines et agir comme facteur de croissance et inhibiteur de la glycogène phosphorylase chez la truite. Il semble également diminuer le poids corporel chez les humains.
Les recherches initiales sont donc convaincantes et les deux composés apparaissent comme des composés prometteurs pour améliorer la composition corporelle et réguler positivement la synthèse des protéines.
Les recherches futures devraient se concentrer sur des essais plus vastes et sur la stratégie de dosage idéale, avant que des recommandations définitives puissent être faites aux athlètes et aux bodybuilders.
Axel NIERDING
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Références
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